Autour des métiers du luxe à Byzance

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Elu par la volonté de Dieu, dont il était le représentant sur terre pour y faire régner l’ordre céleste : telle était l’idéologie impériale sur laquelle se fondait le pouvoir absolu du monarque byzantin. Dès lors, tout était mis en œuvre et en scène, pour glorifier son autorité et propager son image de majesté. Un culte lui était d’ailleurs rendu lors de cérémonies organisées au Palais où le déploiement du faste sous forme de vêtements et de mobilier d’apparat fabriqués de matières rares et précieuses avait une fonction centrale. Rappelons que l’empereur détenait le monopole et le contrôle exclusif de l’usage de l’or et de la soie. Un dépôt spécial, le Phylax, littéralement le « gardien », était destiné à entreposer cette panoplie. Il était précisément situé à côté de la Chrysotriklinos, à la fois la salle du trône et salle de réception où on dressait une grande table dorée pour les banquets.

Rares sont les vestiges matérielles du luxe qui se pratiquait au palais impérial qui nous sont parvenues. Nos connaissances sont largement dues à la description contenue dans des textes littéraires, byzantins et étrangers, en particulier dans Le Livre des cérémonies rédigé par Constantin VII au milieu du Xe siècle. Des représentations de l’empereur et de son entourage sur des mosaïques comme celles de Ravenne ou de Sainte-Sophie de Constantinople, des diptyques en ivoire ou des enluminures de manuscrits confirment l’importance de l’exhibition de richesses dans – et pour – l’image publique du monarque.

De petite module mais d’une diffusion qui dépasse les frontières de l’Empire, la monnaie, et à plus forte raison la monnaie d’or, participe aussi à une large échelle à la promotion de l’image du souverain. On y voit l’empereur – et parfois aussi l’impératrice (CdN 1996-0091, CdN 2004-0289, CdN 2004-0449) – vêtu de son somptueux costume cérémonial distinctif de sa dignité formé du stemma, ou diadème, en or, et du lôros, une sorte d’écharpe longue, issue de la toge romaine (CdN 2000-0037). Serti de perles et de pierreries, le stemma était aussi doté de deux pendatifs latéraux, les pendilia, caractéristiques de la couronne byzantine dès le VIe siècle, composés de perles de grandeur et de forme différentes (CdN 2000-0043, CdN 2000-0046). Le lôros, richement brodé de fil d’or, était orné de pierres précieuses et de plaques d’émail de couleurs différentes, si bien que le costume impérial de Manuel Ier, au milieu du XIIe siècle, rappelait « une prairie constellée de fleurs ». Vêtement solennel à caractère aussi ecclésiastique, les archanges, considérés comme les gardes du corps célestes de l’empereur, portent également le lôros sur les icônes et les sceaux (CdN 2004-0322). Si les couleurs ne sont pas visibles sur la monnaie, on peut y suivre, au fil des siècles, l’évolution autant du vêtement, enrichi du maniakion (un tour de cou, CdN 1996-0121), que de la couronne, qui dès le XIIe siècle prend la forme d’un casque (CdN 2000-0160).

Enfin, dans l’iconographie restreinte des sceaux et des monnaies nous découvrons des évangiles tenus par le Christ et les saints, ornés de pierres, ainsi que de trônes à dossier ou des sièges bas (thôkos) sur lesquelles l’empereur, le Christ ou la Vierge sont représentés : mobilier richement travaillé, aux formes aussi variées qu’originales, orné de pierreries et, parfois – les sièges de la Vierge – doté de coussins brodés et décorés de boutons (CdN 2004-0269, CdN 2004-0429). Bien que secondaires dans le motif iconographique, il s’agit là d’éléments évocateurs du goût pour les produits raffinés et luxueux en usage au Palais et auprès de la haute aristocratie byzantine.

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