Les objets de luxe dans les documents d’archives byzantins

Jean-Michel Spieser, professeur émérite, Université de Fribourg

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Il n’est pas évident de définir avec précision ce qui pouvait être considéré comme des objets de luxe dans le monde byzantin. Ce sont en principe des objets coûteux, raffinés, superflus, critères qui semblent objectifs, mais qui, si on y regarde de près, ne le sont pas tellement. Les mots grecs les plus proches sont le nom πολυτέλεια et l’adjectif πολυτελής ; on y retrouve à peu près les mêmes connotations. L’aspect du coût peut nous aider, mais on se rend compte rapidement que tous les objets coûteux ne sont pas à mettre dans la catégorie du luxe et que des objets, qui semblent en relever, ne sont pas excessivement coûteux. C’est donc avec une certaine souplesse qu’il a fallu partir à la recherche du luxe dans les documents d’archives byzantins1 .

Un certain nombre de critères permettent cependant de voir ce que les Byzantins considéraient comme du luxe ou, en tout cas, comme coûteux. Testaments et inventaires ne mentionnent jamais certaines catégories d’objets de peu de valeur, par exemple la céramique2 . Il faut en déduire que ce qui apparaît dans ces documents, même quand le prix n’est pas indiqué, avait de la valeur aux yeux du testateur ou de l’auteur de l’inventaire, sans qu’il s’agisse nécessairement de biens considérés comme luxueux. Un autre biais est à prendre en compte. Dans les habitudes byzantines, un testament ne recense pas nécessairement tous les objets ou tous les biens du testateur : il était acquis que ce qui n’était pas expressément mentionné revenait à l’héritier le plus direct. Cette réserve doit inciter à la prudence quand on cherche à évaluer les biens d’une personne ou d’un monastère. Mais, si on considère l’ensemble des documents disponibles, toutes les catégories de biens qui peuvent relever de l’idée de luxe sont représentées.

Nous avons affaire essentiellement à des testaments, à des inventaires, éventuellement liés à des décès ou à des contrats de mariage, et à des objets entrant dans le cadre de litiges, eux-mêmes souvent liés à des questions de dot et de mariage. Parmi ces documents, les objets qui nous concernent ici sont répartis de manière très inégale. Mais un acte du tribunal ecclésiastique de Thessalonique, daté de 1384, est particulièrement riche : il donne à Marie Deblitzènè les biens qui, provenant de sa dot, lui reviennent à la mort de son mari ainsi que des biens de la fortune de son mari en compensation de sa dot, telle qu’elle était décrite dans son contrat de mariage, augmentée d’un tiers3 . Le grand nombre d’objets coûteux mentionnés dans ce document n’a rien de surprenant, car il nous conduit dans un milieu social très élevé, d’une fortune considérable, mobilière et immobilière. Manuel Déblitzènos était un militaire, oikeios de l’empereur4 tandis que Marie appartenait à la famille thessalonicienne des Anges5 . C’est un document exceptionnel, dans la mesure où, de par sa nature, une sorte de décompte de ce qui devait revenir à Marie Deblitzènè, il était obligé à une grande précision, ce qui n’était pas nécessairement le cas des testaments. Même s’il ne s’agit pas d’un inventaire exhaustif de la fortune familiale, ce document permet d’avoir un aperçu sans doute représentatif des biens qui étaient considérés comme ayant de la valeur dans une famille d’un milieu social élevé. En plus de la fortune immobilière, dont nous n’avons pas à tenir compte ici, toutes les catégories d’objets qui ont de la valeur semblent représentées et leur prix est toujours indiqué. Une analyse de ce document permet d’aboutir à quelques conclusions plus générales sans déborder le cadre fixé.

De manière attendue, des bijoux sont mentionnés. Ils ont des valeurs très diverses : un dispendieux ensemble, constitué par une broche et des pendeloques, vaut 154 hyperpères6 . Il n’est pas forcément très parlant de comparer avec des salaires, mais cette somme correspond à peu près à ce que gagnait en un an un forgeron en Crète au milieu du XIVe siècle7 . Des boucles d’oreilles, avec des gemmes et des grosses perles à 48 hyperpères ainsi que des pendeloques à 36 hyperpères, également ornées de gemmes et de perles, se distinguent aussi de bijoux qui ont l’air plus banals8 . Pour comparaison, un maçon à Cythère (Cerigo) recevait 44 hyperpères par an (ainsi que du blé en nature en plus). À côté de ces bijoux, peut-être exceptionnels, une série de six bagues dont chacune ne valait environ qu’1 hyperpère et demi, ce qui est aussi le prix d’une autre bague ornée d’un cabochon9 . On reviendra plus loin sur cette différence, qui ne s’explique guère que par l’existence de bagues simples dont seul l’or fait le prix, tandis que boucles d’oreilles, broches et pendeloques pouvaient être plus richement ornées et aussi exiger un travail plus complexe.

Quelques objets de la vie courante sont présents. En comparaison de certains bijoux, les prix de ces objets paraissent bas : une aiguière et un bassin, sans doute en alliage cuivreux, valent ensemble 1 hyperpère10 . Deux séries de trois gargoulettes valant respectivement 2 et 2,5 hyperpères, sans doute aussi en alliage cuivreux, sont à ranger dans la même catégorie11 . Il faut y ajouter trois cruches à vin qui valent, ensemble, 2 hyperpères12 .

L’absence quasi totale (et déjà signalée) de céramique dans ces inventaires ne permet guère de penser que ces cruches étaient fabriquées dans ce matériau. On peut dire la même chose d’un ensemble désigné par le mot rare de σιτλοεπιχυτάριον qui n’apparaît, dans le Thesaurus Linguae Graecae, que dans cet acte et dans le testament de Théodore Karabas13 . Ce mot, formé sur le latin situla, désigne en principe un seau et un broc, même si cette association fait plutôt penser ici à un broc avec une cuvette. Mais il faut signaler que, à l’époque paléochrétienne, l’association entre seau/situle et broc/cruche/aiguière était bien attestée, parfois avec des décors identiques14 . On ne peut donc pas exclure un ensemble analogue aux époques plus tardives. Ces deux objets valent ensemble 2 hyperpères dans le testament de Marie Deblitzènè et trois ensembles ainsi désignés sont cités dans le testament de Théodore Karabas15 . Ces objets ne peuvent guère qu’être en cuivre ou dans un alliage cuivreux. Il apparaît bien que des objets d’usage quotidien, en cuivre, sans pouvoir être considérés comme des objets de luxe, sont ou peuvent être des objets chers, comme le montrent deux chaudrons, valant chacun 2 hyperpères16 .

Nous restons dans le domaine de la toilette avec une petite série de serviettes (σάβανον), en principe de lin, qu’on ne s’attendrait a priori pas à trouver ici, mais le prix indiqué pour des serviettes désignées par ce mot, 3 hyperpères l’une, indique un tissu d’une certaine qualité, ce qui est confirmé dans un autre contexte où une telle serviette a été donnée en cadeau en même temps qu’une ceinture en argent et un objet qu’il n’a pas été possible d’identifier, désigné sous le nom de kakkoumin17 . Quatre autres serviettes, désignées par deux mots différents, associées à ce qui était peut-être un porte-vêtements, utilisé pour des bains, sont mentionnées avec une valeur de 6 hyperpères18 .

De manière à première vue inattendue, il n’y a guère de meubles cités dans cet acte, comme dans la plupart des testaments dont nous disposons. Il faut certainement retenir d’autres explications que l’absence de meubles de valeur. Il n’y a pas lieu de penser que Manuel et Marie Deblitzènos n’avaient pas de chaises, de tables, ni de lits « dignes de ce nom » 19 . En tout cas, les seuls éléments qui peuvent être assimilés à des meubles cités dans ce testament sont des coffres, dont deux grands coffres valant chacun 5 hyperpères20 , ainsi qu’un tapis (ἐπεύχιον), qui valait 9 hyperpères, mais qui, en raison de son usure, n’en vaut plus que 521 . Sa valeur initiale lui donne à peu près la valeur d’une ceinture en argent doré, donc sans doute avec des appliques en argent doré, estimée à 8 hyperpères dans le testament déjà cité de Théodore Karabas22 .

Les objets qui viennent d’être cités montrent suffisamment que, pour tout ce qui concerne l’usage quotidien, la distinction entre ce qui est luxe et ce qui ne l’est pas n’est pas aisée à établir. Deux autres séries d’objets sont citées dans cet acte, des éléments de literie et des vêtements. Il est de nouveau possible de partir de l’idée simple que les objets mentionnés sont considérés comme des objets de valeur. Parfois, la matière dans laquelle ils sont faits est précisée : lorsqu’ils sont en soie, il s’agit clairement de biens à considérer comme relevant de la catégorie « luxe ».

D’abord, une série de couvertures en soie : l’une d’entre elles (ἐφάπλωμα) se distingue particulièrement par son prix : elle valait 32 hyperpères, mais n’en vaut plus que 16, donc la moitié, au moment où le testament a été rédigé23 . Ce prix élevé s’explique sans doute par le fait qu’elle est dite à double face (διπρόσωπον), donc en soie sur ses deux faces. Mais la différence de prix avec les autres couvertures reste importante : une couverture dite μονοπρόσωπον, donc avec une seule face en soie, ne coûte que 4 hyperpères tout en étant également en soie24 . Trois autres couvertures, dont deux sont en soie, mais sans qualificatif particulier, coûtent respectivement 6, 4 et 2 hyperpères25 . Ces écarts, du simple au triple, peuvent s’expliquer par des différences de qualité – pour la moins chère, la matière n’est pas précisée – ou de taille, mais l’écart avec la couverture à 32 hyperpères reste beaucoup plus important. On a suggéré que le mot ephaploma pouvait désigner aussi bien de simples couvertures que des édredons qui, évidemment, ont une plus grande valeur26 . Le sens de couverture est bien attesté puisqu’une couverture en fourrure de renard, qui vaut 7 hyperpères, fait partie de cet ensemble27 . De manière à première vue surprenante, les couvertures en coton ont à peu près la même valeur : une grande couverture en coton vaut 6 hyperpères, une autre vaut 3 hyperpères28 . Il faut se souvenir que le coton aussi était essentiellement importé. Ce n’est qu’à partir du XIVe siècle que sa culture est attestée dans le Péloponnèse29 .

Ces éléments de literie sont complétés par des oreillers en coton, à moins qu’il ne s’agisse de deux ensembles oreillers et matelas, dont l’un vaut 18 hyperpères, l’autre 630 . Les raisons de l’écart du prix nous échappent de nouveau complètement. Il en va de même pour les derniers éléments qui font partie de cet ensemble, une taie d’oreiller en lin de couleur rouge (πιλωτοψίδιο), d’une valeur de 4 hyperpères, une courtine de lit (κορτίνα) valant 6 hyperpères31 . C’est le contexte qui permet de comprendre qu’il s’agit d’une courtine de lit et non d’un autre type de rideau, en particulier parce qu’une deuxième courtine est mentionnée, associée à un ciel de lit (les deux, ensemble, valant aussi 6 hyperpères)32 . Comme cet ensemble est qualifié de très ancien, on peut supposer qu’il avait perdu de sa valeur.

Les vêtements cités sont relativement peu nombreux : trois bonnets (σκούφεια) qui valent 2 hyperpères, mais qui sont en soie, deux robes de soie, une robe de soie (φυστάνιον), valant 6 hyperpères, un « vêtement », sans autre précision, qui avait été estimé à 6 hyperpères au moment du mariage (cette imprécision est certainement liée au fait que ce vêtement n’existait plus), enfin deux vêtements, sans autre précision, d’une valeur de 18 hyperpères, qui, eux, sont préservés. Leur prix indique une certaine valeur33 .

Enfin, une dernière catégorie d’objets de prix est mentionnée. Ce sont des objets de piété privée, un enkolpion en argent, peut-être avec des reliques, estimé 2 hyperpères ainsi que sept icônes avec revêtement en argent, avec des valeurs variables, de 2 à 7 hyperpères34 .

Ces constatations montrent que des distinctions seraient à introduire, sans que les limites en soient très claires. Qu’y a-t-il, par exemple, de commun entre l’ensemble formé par une broche et un pendentif qui vaut 154 hyperpères et le groupe de six bagues valant ensemble 10 hyperpères, tous les deux déjà mentionnés35 ? Aucune précision n’est donnée sur la manière dont la broche et le pendentif étaient ouvrés. Ils étaient certainement en or, mais étaient-ils ornés de gemmes, avaient-ils demandé un travail particulièrement raffiné de l’orfèvre ? Pour des boucles d’oreilles et des pendeloques déjà signalées, le document précise qu’elles étaient ornées de gemmes et de perles, sans entrer davantage dans les détails.

Pour les bagues, il paraît possible de se faire une idée plus précise. On connaît, de l’époque paléologue, des bagues en or sans gemme et sans décor très développé, si bien qu’à peu de chose près, la valeur de la bague ne doit pas être très différente de la valeur de l’or employé. Quelques bagues ont un poids correspondant environ à 1 exagion ou 1 exagion et demi, l’hyperpère pesant 1 exagion, soit 4,4 g, en particulier une bague trouvée à Veliko Tarnovo (fig. 1)36 .

Fig. 1. Bague en or. Sofia, inv. 96/30.08.2009 (© Institut national et Musée d’archéologie)

On peut supposer que le titre en or de ces bagues est à peu près équivalent au titre de l’hyperpère, ou, sans doute, légèrement inférieur, ce qui donne une marge à l’orfèvre.

Dans le document étudié, les bagues sont caractérisées par leur prix, mais, dans d’autres, elles le sont par leur poids, jamais à la fois par le poids et le prix. Est-ce une indication que le poids suffit pour donner la valeur ? On ne peut pas l’affirmer avec certitude en raison du caractère souvent peu systématique de ces documents. Il reste que certaines bagues en or, citées dans des documents, pèsent 5 ou 6 exagia, soit environ 26 et 21,5 g. Cela permet de mettre ce poids en rapport avec une bague donnée en gage pour la valeur de 5 hyperpères, ce qui suppose une valeur un peu plus élevée37 . De nouveau, ces poids correspondent à des bagues conservées : une bague de 26 g, conservée au Musée national de Belgrade, est la bague de fiançailles offerte par Stefan Radoslav Doukas, qui allait devenir roi de Serbie (1215-1230), à Anne Comnène Doukas, fille du despote d’Épire, Théodore Comnène Doukas (fig. 2)38 . Quelques bagues un peu plus légères sont aussi conservées, pesant, en utilisant les termes byzantins, entre 5 et 6 exagia, par exemple une bague qui n’est connue que par son apparition en 1990 sur le marché d’art de Zurich et qui pèse 22,66 g (fig. 3), ou une bague de l’Ashmolean Museum à Oxford (23,3 g)39 .

Fig. 2. Bague en or offerte par Stephan Radoslav Doukas à Anne Comnène Doukas, inv. 5513 (© Belgrade, Musée national)

Fig. 3. Bague en or. Provenance et lieu de conservation inconnus (d’après J. Spier, Late byzantine Rings. 1204-1453, Wiesbaden 2013, pl. 4.10a)

L’hypothèse que ces objets, qu’il serait intéressant d’analyser comme les monnaies, ont un titre qui pourrait être en rapport avec celui de l’hyperpère, du moins avec son titre théorique40 , est confortée par ce que certaines bagues sont désignées par malagma, ou des adjectifs dérivés de ce mot, qui signifie « un or très pur » : le seul prix indiqué pour une bague faite avec cette pureté de l’or est de 24 hyperpères41 . Le sens de l’expression est clairement donné par un passage du typikon du monastère de la Bebaia Elpis, daté entre 1327 et 1335, qui, à propos d’un objet en or, précise qu’il est fait en or pur, ce qui se dit malagma42 . Il s’agit en l’occurrence d’un elaiophorion, donc d’un récipient à huile, encore muni d’un couvercle de jaspe et décoré de représentations des neuf puissances célestes43 . C’est le don d’un personnage apparenté aux grandes familles byzantines, Andronic Comnène Branas Doukas Ange Paléologue, sans doute un neveu de l’empereur Michel VIII44 . Ce n’est certainement pas un hasard si ce mot est seulement attesté dans un contexte ecclésiastique. On retrouve cet objet, et ce mot, dans un inventaire du trésor de Sainte-Sophie de Constantinople de 139645 et dans l’inventaire du monastère de la Spèlaiôtissa46 , mais, respectivement, en argent doré et en argent. Peut-on penser qu’on a utilisé volontairement, peut-être inventé, un mot savant pour désigner un objet, en principe banal, mais qui est distingué par son usage, certainement liturgique, qui, lui-même, trouve un écho dans la qualité du matériau utilisé ?

Il semble bien que, dans cet acte, toutes les catégories d’objets de luxe soient représentées, y compris des objets en métal dont la présence dans ce document montre que les ustensiles en métal, même utilitaires, étaient coûteux et réservés à une élite sociale. Ne manquent que les objets à usage proprement liturgique et ecclésiastique, ce qui est lié à sa nature. Ces objets méritent un traitement particulier, qui dépasserait le cadre de cet article. Les Byzantins ne considéraient certainement pas comme du luxe ce qui servait à honorer Dieu, même si, objectivement, ces objets méritent d’être ainsi désignés et si, pour les donateurs, le sentiment d’offrir quelque chose de luxueux devait être présent47 .

Mais, dans cette catégorie, se trouve un autre cas particulier : ce sont les tissus à usage ecclésiastique et liturgique. Les mêmes tissus, faits avec les mêmes techniques, sinon avec les mêmes motifs pouvaient aussi servir à un usage profane. De manière surprenante, on ne les trouve guère mentionnés dans des contextes profanes. Le plus évident est la mention d’un ciel de lit brodé d’or dans un testament de 1366/136748 . Dans La diataxis de Michel Attaliate, parmi les nombreux tissus liturgiques d’origines diverses, destinés à sa fondation, quelques-uns sont donnés par un préposite et préposé au koiton du nom de Jean : une étoffe (ἔπιπλον), soit d’une nuance très claire de pourpre, soit pourpre et blanc, décorée de rinceaux de vignes, un rideau en soie pourpre, décoré d’un motif de paon faisant la roue (ταὼν κογχευτός)49 . Leur usage liturgique est bien spécifié dans le texte, mais on ne sait pas si ces étoffes avaient d’abord été utilisées dans un autre contexte par le donateur ou si celui-ci les avait commanditées spécialement pour l’usage dont parle la diataxis.

Un coup d’œil rapide à d’autres documents de même nature, des testaments en particulier, permet de dire que ce sont bien les mêmes séries d’objets qui apparaissent. L’originalité de celui que nous avons analysé réside dans son caractère précis, exhaustif, au moins dans le cadre de son objet. Le seul document d’une certaine manière proche de l’inventaire lié à la dot de Marie Deblitzènè, quoique nettement moins riche, est un contrat de mariage du XIVe siècle où sont mentionnés des bijoux (deux bagues en or, dont l’une en or pur, trois paires de boucles d’oreilles, dont l’une en or pur, des bracelets en argent pesant environ 84 g [19exagia] et valant 4 hyperpères)50 , de la literie (un couvre-lit et une couverture valant ensemble 6 hyperpères, un oreiller valant 4 hyperpères)51 , deux voiles dont l’usage n’est pas mentionné, l’un en lin, l’autre « égyptien » valant 2 hyperpères52 , des serviettes d’une valeur de 2 hyperpères53 , des vêtements (une jupe et une robe neuve – 3 hyperpères)54 , enfin une marmite, 1 hyperpère55 . Les prix, lorsqu’ils sont indiqués, correspondent à peu près à ceux indiqués dans l’inventaire de Marie Deblitzènè, sauf pour les objets les plus coûteux de ce dernier qui n’ont pas d’équivalent. Cette comparaison permet de faire une distinction entre le « véritable » luxe et celui qui est accessible à un plus grand nombre.

Les testaments sont moins parlants et moins systématiques puisque, comme il a été rappelé, il n’est pas nécessaire que tous les biens du testateur y soient mentionnés. Un coup d’œil rapide sur trois testaments permet néanmoins de comparer avec les documents précédents.

Le testament de la nonne Marie, veuve du curopalate Symbatios Pakourianos56 aurait même pu, peut-être même dû, par sa richesse, servir de base à cette communication. En fait, il comporte encore plus d’objets, montrant d’ailleurs qu’une veuve, retirée dans un monastère, garde à sa disposition sinon toute sa fortune mobilière, du moins une grande partie. Nous sommes ici dans un milieu social au moins équivalent à celui des Déblitzènoi. On y trouve des bijoux en or (bracelets, boucles d’oreilles), de la vaisselle en argent et en argent doré, de nombreuses étoffes en coton et en soie, des manteaux dont certains en soie, parfois décorés avec des perles, des icônes avec des cadres en argent, des livres, dont l’un avec un fermoir en argent. Mais tout intéressant et important que soit cet ensemble, aucun prix n’est indiqué. Ce sont ces prix qui, dans l’acte du tribunal ecclésiastique concernant Marie Déblitzènè, ont permis de délimiter plus clairement la catégorie ou plutôt les différentes catégories de luxe.

Nous nous retrouvons encore une fois dans le même milieu avec le testament de Théodore Sarantènos, skoutérios et sébaste57 . Il diffère du précédent par certains aspects de son contenu. C’est le testament d’un homme, d’un militaire. À côté de divers objets précieux, on ne trouve que quelques bijoux en or, essentiellement de nombreuses bagues ; il est difficile de savoir si les bagues et les broches en or également mentionnées faisaient partie des accessoires masculins ou si elles avaient appartenu à sa femme. Son testament se distingue par une série de ceintures, clairement un accessoire masculin, décorées, quelques-unes revêtues d’argent doré, l’une jamais portée, qui vaut 60 hyperpères, seul prix indiqué dans ce testament58 ; mais il mentionne aussi des armes et une cuirasse, qui nous font sortir de notre thème. Il signale aussi 17 icônes, dont neuf avec un revêtement d’argent et d’autres objets en rapport avec la liturgie, ce qui est à mettre en lien avec le monastère qu’il fait construire.

On peut comparer ces testaments de la haute aristocratie à celui de Théodore Karabas, un Thessalonicien aisé – sa fortune est évaluée à 1000 hyperpères. Il ne mentionne que quelques objets précieux : bijoux (deux bagues en argent et deux bagues en or) auxquels s’ajoutent deux enkolpia et, de nouveau, une ceinture en argent doré, qui vaut 8 hyperpères (seul prix indiqué), ainsi que de la literie en soie et en coton59 . Les objets de la vie courante – cruches, marmites, les trois ensembles broc et cuvette déjà signalés, certainement en alliage cuivreux, tiennent davantage de place, ce qui est sans doute assez caractéristique de ce type de fortune.

L’attention portée aux objets précieux, aux objets de luxe à travers ces quelques actes, permet de saisir une distinction finalement assez claire entre ce qui est le luxe des couches les plus élevées de la société et les objets qu’on peut appeler chers, souvent utiles, auxquels peuvent accéder des milieux aisés. Il n’est pas étonnant non plus de voir, dans la fortune mobilière léguée, des différences entre objets féminins et objets masculins. Les textes analysés ne sont évidemment pas les seuls qui mentionnent des objets précieux et des prix, mais une vue d’ensemble dépasserait le cadre de cet article.

Bibliographie

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Notes

  • 1.
    Je remercie Maria Parani, Cécile Morrisson et Brigitte Pitarakis d’avoir pris la peine de lire une première version de ce texte et pour les indications et références qu’elles m’ont données. Pour les illustrations, je suis redevable à Albena Milanova et Vujadin Ivanisević pour leur aide ; je remercie particulièrement le directeur du Musée archéologique de Sofia, Ljudmil Vagalinski, la directrice du Musée national de Belgrade, Bojana Borić-Brešković ainsi que Jeffrey Spier pour les photographies mises à ma disposition. Pour un autre article sur les objets de luxe dans les documents athonites, voir maintenant Jean-Michel Spieser, « Les objets de luxe dans les documents d’archives byzantins », Revue des études byzantines, 77, 2019, pp. 257-280.
  • 2.
    Signalons néanmoins que certains monastères du Mont Athos produisaient de la céramique comme l’ont montré des fouilles récentes : communication de Ioannis Kanonidis, « Glazed Pottery from Mount Athos (XIIe-XVe centuries) », au XIth Congress AIECM3 on Medieval and Modern Period Mediterranean Ceramics, Antalya, 19-24 octobre 2015. Je remercie Véronique François qui m’a signalé cette communication, encore inédite.
  • 3.
    Actes de Docheiariou, Nicolas Oikonomidès (éd.), [Archives de l’Athos XIII], Paris : P. Lethielleux, 1984, n° 49 pp. 258-265 (les références à cet acte sont désormais abrégées Docheiariou 49). Pour le cadre juridique, ibid., pp. 259-260 ; pour les questions de dot, voir les références données par Oikonomidès, ibid., p. 259. Voir aussi Angeliki E. Laiou, Mariage, amour et parenté à Byzance aux XIe-XIIIe siècles, Paris : De Boccard, 1992 (Index s.v. dot). Pour une vue d’ensemble sur la fortune de Marie Deblitzènè, voir aussi Gautier Berry, « La fortune d’une aristocrate de Thessalonique à la fin du XIVe siècle », in Élisabeth Malamut, Andreas Nicolaïdès (éd.), Impératrices, princesses, aristocrates et saintes souveraines de l’Orient chrétien et musulman au Moyen Âge et au début des Temps modernes, Aix-en-Provence : Presses Universitaires de Provence, 2014, pp. 217‑227. De la fin du XIe siècle, une autre grande fortune d’une veuve, Kalè Pakourianè, est connue par son testament, mais il n’y a pas d’indication de prix pour les nombreux objets de luxe qui y sont mentionnés : Actes d’Iviron II, Du milieu du XIe siècle à 1204, Jacques Lefort, Nicolas Oikonomidès, Denise Papachryssanthou (éd.), [Archives de l’Athos XVI], Paris : P. Lethielleux, 1990, pp. 150‑156 (n° 44) et ibid., pp. 170-183 ; voir aussi Ann-Mary Talbot, « Une riche veuve de la fin du XIe siècle. Le testament de Kalè Pakourianè », in Malamut, Nicolaïdès, op. cit., pp. 201-215.
  • 4.
    Sur les oikeioi dans l’administration byzantine, Jean Verpeaux, « Les oikeioi. Notes d’histoire institutionnelle et sociale », Revue des études byzantines,  23, 1965, pp. 89-99. On pourrait traduire par « homme de confiance ».
  • 5.
    Nicolas Oikonomidès, « The Properties of the Deblitzenoi in the Fourteenth and Fifteenth Centuries », in Angeliki E. Laiou-Thomadakis (éd.), Charanis Studies, New Brunswick, NJ, 1980, pp. 176-198, voir pp. 179-180.
  • 6.
    Ludovic Bender, Maria Parani, Brigitte Pitarakis, Jean-Michel Spieser, Aude Vuilloud, Artefacts and Raw Materials in Byzantine Archival Documents / Objets et matériaux dans les documents d’archives byzantins, http://typika.cfeb.org (désormais abrégé ByzAD) artefacts #471 et #476 (Docheiariou 49, 263.17). Pour les bijoux dans les documents byzantins, voir aussi Maria Parani, « Byzantine Jewellery : The Evidence from Byzantine Legal Documents », in Chris Entwistle, Noel Adams (éd.), Intelligible Beauty : Recent Research on Byzantine Jewellery, [British Museum Research Publication 178], Londres 2010, pp. 186‑192.
  • 7.
    Cécile Morrisson, Jean-Claude Cheynet, « Prices and Wages in the Byzantine World », in Angeliki E. Laiou (éd.), The Economic History of Byzantium : From the Seventh through the Fifteenth Century, [Dumbarton Oaks Studies, 39], Washington D.C. 2002, vol. II, pp. 815-878, voir p. 866.
  • 8.
    ByzAD, artefacts #487 et #484 (Docheiariou 49, 264.27 et 264.26-27).
  • 9.
    ByzAD., artefacts #476 et #482, cette dernière bague étant ornée d’un cabochon de verre.
  • 10.
    ByzAD, artefact #502 (ibid., 264.31).
  • 11.
    ByzAD, artefacts #477 et #499 (ibid. 263.17 et 264.30).
  • 12.
    ByzAD, artefact #498 (ibid. 264.30).
  • 13.
    ByzAD, artefact #252, Actes de Chilandar I, Des origines à 1319, Mirjana Živojinović, Vassiliki Kravari, Christophe Giros (éd.), [Archives de l’Athos XX], Paris : P. Lethielleux, 1998, n° 30, pp. 215-219, p. 216, l. 39-40. Désormais abrégé Chilandar 30. On peut en rapprocher un autre ensemble comprenant une serviette pour le bain (σαβανολουτρικόν : pour ce mot, voir encore ci-dessous n. 16) et un καδδαροεπιχύτερον : comme nous sommes dans le contexte du bain, le second mot se traduira plutôt par « un baquet et un broc » : ByzAD, artefacts #1584 et #4379 (Lembiotissa Chartulary, n° 23, dans Franciscus Miklosich, Josef Müller, Acta et diplomata graeca medii aevi sacra et profana I-VI, Vienne 1860-1890. Franciscus Miklosich, Josef Müller, Acta et diplomata graeca medii aevi sacra et profana I-VI, Vienne 1860-1890, ici IV, 1871, pp. 74-75).
  • 14.
    Pour de tels ensembles en alliage cuivreux : Anastasia Drandaki, « From Centre to Periphery and Beyond : The Diffusion of Models in Late Antique Metalware », in Anthony Eastmond, Liz James (éd.), Wonderful things : Byzantium through its art. Papers from the 42nd Spring Symposium of Byzantine Studies, London, 20-22 March 2009, Farnham : Ashgate, 2013, pp. 163‑184, voir p. 171, fig. 13.4 ; voir aussi Brigitte Pitarakis, « Le bain des femmes et la santé dans l’Antiquité tardive. À propos de la situle en alliage cuivreux du musée Rezan Has à Istanbul », Revue des études byzantines, 74, 2016, pp. 327-360. Pour un ensemble formé de deux situles et d’une aiguière, en argent partiellement doré, avec des décors de scènes tirées de la légende d’Hippolyte, voir Marlia Mundell Mango, Anna Bennett, The Sevso Treasure. Part one, Ann Arbor, MI 1994, pp. 319‑401.
  • 15.
    ByzAD, artefact #252 (Chilandar 30, 216.39-40).
  • 16.
    ByzAD, artefact #501 (Docheiariou 49, 264.30).
  • 17.
    ByzAD, artefacts #469 (Docheiariou 49, 263.11-12) pour une serviette à 3 hyperpères, mais dont la valeur est ramenée à 2, sans doute à cause de l’usure ; #492 (ibid., 264.28), pour deux serviettes (σάββανα), valant ensemble 6 hyperpères ;  #1687 (ceinture), #1689 (sabanon), #1688 (Lembiotissa Chartulary, n° 23, 75), pour kakkoumin où le contexte suggère qu’il s’agit d’un accessoire vestimentaire ou d’un vêtement (ces objets sont mentionnés dans le testament d’un moine, Maximos Planitès – la famille Planitès possédait des biens importants : Hélène Ahrweiler, « L’histoire et la géographie de la région de Smyrne entre deux occupations turques (1081-1371), particulièrement au XIIIe siècle », Travaux et mémoires, 1, 1965, pp. 1‑204, voir p. 174 ; pour différents membres de la famille, dont Maximos, qui ne paraît connu que par ce document, voir l’index, s.v., p. 192) ; artefact  #469 (Docheiariou n° 49, 263.11-12) . Dans le même document, on trouve le mot composé σαβανολουτρικόν, qui montre que ce même type de serviette pouvait être utilisé pour le bain (artefact #1584, ibid.).
  • 18.
    Λέντιον : ByzAD. artefact #513 (Docheiariou 49, 264.34) – mais, si ce mot peut aussi désigner un tablier, le sens de serviette paraît préférable dans ce contexte ; συνδόνιν : artefact #514 (ibid.) ; ἀλαξιμάριον : artefact #515 (ibid.).
  • 19.
    Docheiariou, pp. 260-261. Voir maintenant, pour les meubles en général et pour leur absence dans la plupart des inventaires, Maria Parani, « Medieval Byzantine furniture », in Tassos Papacostas, Maria Parani (éd.), Discipuli dona ferentes. Glimpses of Byzantium in Honour of Marlia Mundell Mango, [Byzantios. Studies in Byzantine History and Civilization, 11], Turnhout : Brepols, 2017, pp. 181‑221.
  • 20.
    ByzAD, artefact #505 (Docheiariou n° 49, 264.31). S’y ajoutent un coffre sans autre précision, valant 1 hyperpère, et un petit coffre qui en vaut 2 : artefacts #507 et #506 (ibid., 264.31-32 et 264.32).
  • 21.
    ByzAD, artefact #466 (ibid., 263.9-10).
  • 22.
    ByzAD, artefact #269 (Chilandar 30, 216.43).
  • 23.
    ByzAD, artefact #468 (Docheiariou 49, 263.11).
  • 24.
    ByzAD, artefact #508 (Docheiariou 49, 264.32).
  • 25.
    ByzAD artefacts #490, #494, #495 (Docheiariou 49, 264.27-29).
  • 26.
    Docheiraiou 49, p. 261.
  • 27.
    Γουνεφάπλωμα  ἁλωπεκον : ByzAD, artefact #511 (Docheiariou 49, 264.33).
  • 28.
    ByzAD, artefacts #491 et #512 (Docheiariou 49, 264.28 et 264.33-34).
  • 29.
    Anna Gonosová s.v. « Textiles », in Oxford Dictionary of Byzantium III, New York – Oxford 1991, p. 2028.
  • 30.
    ByzAD, artefacts #467 et #496 (Docheiariou 49, 263.10-11 et 264.29), et ibid., p. 261 pour les hésitations sur le sens de ce mot.
  • 31.
    ByzAD, artefacts 497 et #493 (Docheiariou 49, 264.29-30 et 264.28).
  • 32.
    ByzAD, artefacts  #509 et #510 (Docheiariou 49, 264.33).
  • 33.
    ByzAD, artefacts #475, #474, #473,# 478 (Docheiariou 49, 263.16-17 et 19).
  • 34.
    Enkolpion : ByzAD, artefact #481 (Docheiariou 49, 264.25-26) ; icônes : ByzAD, artefacts #479 et #4139-4144 (Docheiariou 49, 264.23-25).
  • 35.
    Voir ci-dessus notes n° 5 et n° 8.
  • 36.
    Jeffrey Spier, Late byzantine Rings. 1204-1453, Wiesbaden : Reichert, 2013, n° 7, p. 28 : 4,87 g ; n° 16, p. 35 : 4,94 g ; n° 17, p. 35 : 6,22 g ; n° 25, p. 37 : 6,6 g ; n° 41, p. 54 : 5,51 g.
  • 37.
    Six exagia : ByzAD, artefact #3211 : Demetrius Chomatenus, Demetrii Chomatemi Ponemata Diaphora, éd. Günter Prinzing, Berlin 2002, no 82 (daté du XIIIe siècle), pp. 283-284, voir p. 283, l. 20 (pour le contexte, voir ibid., p. 173*, avec les références antérieures ; 5 exagia : artefact #2047 : Actes de Vatopédi I, Jacques Bompaire, Jacques Lefort, Vassiliki Kravari, Christophe Giros (éd.), [Archives de l’Athos XXI], Paris : P. Lethielleux, 2001, n° 64 (daté de 1325), pp. 344-365, voir p. 358, l. 150-151). Sur ce testament, voir encore ci-dessous n° 57. Pour la bague donnée en gage : ByzAD, artefact # 3193, Georgios I. Theocharides, «Eine Vermächtnisurkunde des Groß-Stradopedarchen Demetrios Tzamblakon» in Peter Wirth (éd.), Polychronion. Festschrift Franz Dölger zum 75. Geburstag, Heidelberg 1966, pp. 486-495, voir p. 489, l.12 (abrégé Tzamblakon Testament). Ce testament est daté de 1366.
  • 38.
    Spier, op. cit., pp. 21-22 avec les références antérieures, en particulier Andreas Rhoby, Byzantinische Epigramme auf Ikonen und Objekten der Kleinkunst, Vienne : Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 2010, pp. 292-294.
  • 39.
    Spier, op. cit., catalogue n° 10, p. 34 et n° 14, p. 35.
  • 40.
    Pour le poids et le titre de l’hyperpère, Cécile Morrisson, Byzance et sa monnaie (IVe-XVe siècle), [Réalités byzantines, 15], Paris 2015, p. 25 ; voir aussi Cécile Morrisson, « Coin Usage and Exchange Rates in Badoer’s Libro dei Conti », Dumbarton Oaks Papers, 55, 2001, 217-245, voir p. 238.
  • 41.
    ByzAD, artefact #946 : Miklosich / Müller II, Vienne 1862, no DXCI, p. 419 (acte daté de 1400). Le seul autre objet concerné par ce procès à propos d’objets mis en gage est une ceinture « franque ». Jean, fils de Pourès, à l’origine de ce procès, est inconnu par ailleurs, de même que son père. Pour cette ceinture d’une valeur de 50 hyperpères, cf. ByzAD #945, avec les références antérieures.
  • 42.
    Χρυσοῦ καθαροῦ, ὃ λέγεται μάλαγμα : Typikon du monastère de la Bebaia Elpis, dans Hippolyte Delehaye, Deux typica byzantins de l’époque des Paléologues, Mémoires de l’Académie de Belgique, 2e série, 13, fasc. IV, Bruxelles 1921, p. 92, l. 13 (= Byzantine Monastic Foundation Documents, n° 57, Typikon de Theodora Synadene pour le monastère de Bebaia Elpis à Constantinople, § 138, page 1561). voir aussi ByzAD, synthèse malagma et Parani 2010, op. cit., p. 189.
  • 43.
    ByzAD. artefact #3784 : Delehaye, op. cit., p. 92, l. 13-15.
  • 44.
    Pour la famille Branas, voir Ahrweiler, op. cit., pp. 168-169 ; Vitalien Laurent, « Kyra Martha. Essai de topographie et de prosopographie byzantine », Échos d’Orient, 38, 1939, pp. 296-320, cite, p. 302, Andronic Comnène Doukas Ange Paléologue, fils de Constantin, frère de Michel VIII et d’Irène Comnèna Branaina Paleologina, qui est à identifier avec le personnage de notre document. Voir sa notice dans Erich Trapp et al., Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit, fasc. 9, Vienne 1989, n° 21439, pp. 84-85.
  • 45.
    ByzAD, artefact #1215 : Miklosich, Müller II, n° DCLXXXVI, pp. 566-570 (voir p. 567).
  • 46.
    ByzAD, artefact #2083 : Actes de Vatopédi II, de 1330 à 1376, Jacques Lefort, Vasiliki Kravari, Christophe Giros, Kostis Smyrlis (éd.), [Archives de l’Athos XXII], Paris : P. Lethielleux, 2006, n° 120, pp. 303-304, voir p. 303, l.8.
  • 47.
    Voir, pour un aspect de cette question, Titos Papamastorakis, « The Display of Accumulated Wealth in Luxury Icons : Gift-Giving from the Byzantine Aristocracy to God in the Twelfth Century », in Maria Vassilaki (éd.), Byzantines eikones. Byzantine Icons, Heraklion 2002, pp. 35-49.
  • 48.
    ByzAD, artefact #3196 (Tzamblakon Testament, 489.14).
  • 49.
    ByzAD, artefacts # 2867 et #2864 (Paul Gautier, « La diataxis de Michel Attaliate », Revue des études byzantines, 39, 1981, pp. 5-143, voir p. 99, l. 1308-1310 et p. 97, l. 1306) (= Byzantine Monastic Foundation Documents, n° 19, [INV 8], p. 360).
  • 50.
    ByzAD, artefacts #3100, #3099, #3101 (Giannino Ferrari dalle Spade, « Registro Vaticano di Atti Bizantini di Diritto Privato », Studi Bizantini e Neoellenici, 4, 1935, pp. 249-267, voir p. 265, n° 10 – XIVe siècle).
  • 51.
    ByzAD, artefacts #3106, #3105, #3109 (ibid.).
  • 52.
    ByzAD, artefact #3103 (ibid.).
  • 53.
    ByzAD, artefact #3104 (ibid.).
  • 54.
    ByzAD, artefacts #3107, #3108 (ibid.).
  • 55.
    ByzAD, artefact #3102 (ibid.).
  • 56.
    Iviron II, pp. 228-248. Sur Symbatios Pakourianos, op. cit., p. 152.
  • 57.
    Vatopédi I, 64. Pour ce personnage, dont le patronyme complet est Théodore Comnène Ange Doukas Sarantènos, et sa famille, voir pp. 347-349. Il était considéré comme très riche.
  • 58.
    ByzAD, artefact # 2046 (ibid., 358.49).
  • 59.
    Chilandar n° 30, pp. 208-219. Pour les références à ces objets, voir à partir de ByzAD, document Chilandar I, n° 30. Pour Théodore Karabas, qui ne semble connu que par ce seul document, et pour sa fortune, pp. 211-212.