Autour des métiers du luxe à Byzance

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La description de Constantinople byzantine laissée par Liutprand de Crémone, ambassadeur du roi d’Italie, Bérenger, à la cour de Constantin VII, en 949, est le témoignage le plus connu et le plus imagé parmi les récits occidentaux de l’époque. Elle reflète la fascination qu’exerçaient les richesses mythiques de la « reine des villes » auprès des voisins de l’Empire, proches et lointains, amis et ennemis. Richesses et objets d’art y étaient soigneusement accumulés au fil des siècles, avant tout par les empereurs, pour mettre en exergue la suprématie et le caractère œcuménique de leur pouvoir politique. Richesses et charmes qui ont attisé la convoitise de plus d’un des adversaires de Byzance et qui ont pesé lourd sur la décision de détourner la quatrième croisade par Constantinople, en 1204, entraînant fatalement son sac. Il a été dit que la somme totale pillée s’élevait à 900 000 marcs d’argent, soit approximativement une valeur de 5 000 000 monnaies d’or byzantines.

Al-Harrawi, un voyageur syrien du XIIe siècle, s’exprime ainsi : Constantinople est une ville encore plus grande que ne le proclame sa renommée. Que Dieu, dans sa grâce et sa générosité, daigne en faire la capitale de l’Islam.

L’opulence légendaire de la capitale cosmopolite était étroitement liée à la prospérité économique qu’assuraient une intense production agricole et artisanale ainsi qu’un commerce florissant, interne et international, dont Constantinople était la plaque tournante jusqu’au XVe siècle. De nombreux produits de luxe et biens précieux y affluaient des contrées lointaines de l’Empire et de pays étrangers dont certains, tels les tissus en soie, restaient le monopole de l’Etat, réservés aux fastes de la cour impériale.

Moyen et produit incontestable de cette prospérité, symbole aussi du pouvoir et du prestige politique de l’Empire, fut sa monnaie d’or. Appelée solidus, en latin, nomisma, en grec (la monnaie par excellence), la monnaie d’or créée par Constantin le Grand au IVe siècle, demeurait encore la référence sur le marché international jusqu’au XIVe siècle, et ce malgré les diverses dévaluations qu’elle a connues. Elle fut aussi imitée ou pris comme modèle par ses propres concurrents, d’abord les Arabes, puis les Occidentaux.

La puissance de l’empire millénaire était bâtie avant tout sur des structures administratives aussi solides que complexes et adaptables aux situations nouvelles ou extraordinaires. Les fonctionnaires qui servent dans les nombreux ministères, civils et militaires, forment une aristocratie strictement hiérarchisée autour de l’empereur, qui les nomme à leur poste et leur octroie des titres nobiliaires viatiques. Ce sont les plus hauts placés parmi eux qui habitent dans les belles demeures construites autour du palais impérial et qui participent aux fastes de la vie de la cour.

Les monnaies, les sceaux et les poids monétaires et commerciaux, dont le Cabinet de numismatique conserve de collections aussi prestigieuses que représentatives, sont des témoins tangibles qui évoquent de manière indirecte sinon confidentielle l’éclat et le rayonnement de la société et de la culture byzantines.

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