Autour des métiers du luxe à Byzance

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Les sceaux en plomb – ou bulles, à proprement parler – sont largement utilisés dans les nombreux bureaux de l’administration byzantine, dès le VIe siècle, pour authentifier le contenu et garantir la confidentialité des documents qui y sont produits. Aussi modestes et fragiles soient-ils, ces petits objets empreints à l’aide d’un boullôtèrion personnel (CdN 2004-374), offrent à leurs propriétaires, l’espace nécessaire pour signaler leurs fonctions et dignités émanant de l’empereur lui-même, autrement dit afficher leur statut social et le prestige qui en découle (CdN 2004-510).

C’est cette classe dirigeante qui forme l’aristocratie byzantine. A Byzance, l’appartenance au milieu aristocratique dépend en effet essentiellement de l’exercice de fonctions au service de l’empire, c’est- à-dire de l’empereur même.

Monarque absolu, le basileus est le seul qui puisse nommer les officiers de l’Etat, civils et militaires, parfois même ecclésiastiques, aussi bien que les démettre de leurs charges d’un seul hochement de tête. Les dignités associées aux fonctions, qui sont viagères – mais point héréditaires ! – sont également accordées par lui seul. Autant les fonctions que les dignités peuvent se cumuler au long d’une carrière (CdN 2004-288). A noter que les étrangers ne sont pas exclus de l’accès au service impérial et de la promotion sociale qui s’ensuit, dès le moment où ils reconnaissent l’autorité de l’empereur et paient leurs impôts (CdN 2004-502; CdN 2004-553).

En plus du pouvoir et du prestige dont jouissent les notables de l’empire, la roga, la rétribution annuelle en or ou en privilèges qu’ils reçoivent est élevée, surtout celle des militaires, qui pouvait s’élever jusqu’à 40 livres d’or (2880 sous d’or), suivant le prestige du poste occupé. Cependant, pour obtenir une dignité, le bénéficiaire doit verser au trésor impérial une somme fixe proportionnelle à son niveau sur l’échelle hiérarchique des titres honorifiques. Car c’est bien les dignités, qui, en plus, sont cumulables, qui définissent la proximité de chaque officier de l’Etat avec le souverain et par conséquent le rang qu’il occupe au sein de la société byzantine.

Tant il est vrai que, dès l’avènement au pouvoir des Comnènes, à la fin du XIe siècle, l’appartenance au cercle de la famille impériale commence à primer en importance sur l’exercice de fonctions publiques et, inversement, les plus importantes de celles-ci à être confiées aux proches de l’empereur (CdN 2004-372). On constate alors que les officiers se présentent sur leur sceau par la simple mention de leur dignité ou de leur lien de parenté avec la famille impériale (CdN 2004-328) sinon l’empereur lui-même (CdN 2004-401).

Faire partie de cette aristocratie au service de l’empereur offre la possibilité, à des degrés différents, certes, de participer aussi à la consommation des biens et des richesses de l’empire. Ce sont ses membres qui sont invités aux banquets donnés au palais, les premiers récipiendaires des largesses impériales, membres de lignées influentes grâce à une longue présence dans l’exercice du pouvoir ceux qui habitent des demeures luxueuses à la capitale ou ceux qui sont de riches propriétaires fonciers en province, mais aussi ceux qui, grâce à leur fortune, organisent de larges distributions de denrées aux plus démunis (CdN 2004-313, CdN 2004-387).

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