Autour des métiers du luxe à Byzance

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La vaisselle en argent, ou en argent doré, était très appréciée durant l’Antiquité tardive. Plusieurs trésors du IVe siècle enfouis lors de périodes troubles et redécouverts de manière fortuite, tout comme des trouvailles isolées, témoignent du raffinement et de la haute qualité de l’argenterie de cette période (inv. C 1241, E 0472). D’autres ensembles d’objets précieux datés des VIe-VIIe siècles, provenant des territoires de l’Empire byzantin, attestent de la continuité de cette production et du maintien du savoir-faire hérité de l’époque romaine. Dans le monde byzantin, la vaisselle en argent était destinée à un usage privé, mais aussi religieux et liturgique. Des pièces de grand prestige faisaient également partie des cadeaux distribués par l’empereur, ou par des hauts fonctionnaires, à leurs relations (inv. C 1241).

Les motifs figurés offrent un témoignage remarquable des goûts et de la culture de la société. Bien que l’influence de la culture classique, imprégnée du souvenir du paganisme, demeure vivante (inv. AD 2382), les thèmes tirés de l’Ancien et du Nouveau testament illustrent le développement de l’iconographie chrétienne (inv. AD 2399, AA 2011‑0047).

L’argenterie domestique est bien représentée dans la collection byzantine du Musée d’art et d’histoire. Elle se compose de coupes (inv. AD 2385, AD 2384), de bols (inv. AA 2004‑0231), de plats (inv. AD 2382, AD 8041, AA 2004‑0254) et de nombreuses cuillères, appartenant à la première période byzantine (IVe-VIIe siècles). Parmi ces objets, on trouve des pièces avec des inscriptions en grec, notamment quatre cuillères à manche recourbé ayant probablement appartenu à des membres d’une même famille. Leur prénom figure sur le disque (inv. AA 2004‑0233 à 236). Une autre cuillère, portant un texte à caractère religieux, révèle quant à elle la foi chrétienne de son propriétaire (inv. AD 2384).

La collection compte également un service complet de douze cuillères, les plus grandes (et les plus lourdes) connues à ce jour. Richement ornées, leur manche est en forme « de massue » et leur cuilleron décoré, dans la partie creuse, d’une feuille lancéolée ainsi que de feuilles en forme de plumes sur le dos (inv. AA 2004‑238 à 249).

L’un des traits les plus marquants de cette collection est le nombre important de pièces issues d’ateliers d’État, munies des sceaux de contrôle des métaux précieux. Il s’agit notamment d’un plat au monogramme de l’empereur Tibère II Constantin (578-582) (inv. 8041), d’un autre plat orné d’une croix niellée (inv. AA 2004‑254), daté vers 641-651, ainsi que des douze grandes cuillères, déjà citées, réalisées à Constantinople entre 654 et 659. Ce sont ces marques de l’administration des finances impériales qui ont permis de préciser la datation des pièces. (Voir Marlia Mundell Mango, « Byzantine Silver », in Marielle Martiniani-Reber (dir.), Donation Janet Zakos. De Rome à Byzance, Genève – Milan : 5 Continents Éditions, 2011, pp. 16‑109).

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