Le bien-être au MAH

ou quand la médiation sensible fait du moment au musée un temps pour prendre soin de soi.

Depuis quelques mois, le Musée d’art et d’histoire communique sur le concept de bien-être au musée, prisme à travers lequel il a structuré une partie importante de son offre de médiation.

Quatre axes sont développés : la « muséothérapie » (art-thérapie, mais aussi visite au musée insérée dans une démarche thérapeutique) ; le « care social » (éducation, intégration , insertion) ; le « musée wellness » (le corps au musée, méditation) ; et enfin, la « santé culturelle des tout-petits » (éveil culturel, créativité ).

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Une approche holistique et sensible

Le bien-être au musée suppose une approche des publics à la fois holistique – en ce qu’elle considère chacune et chacun dans sa complexité et dans son entièreté physique, émotionnelle et intellectuelle –, inclusive, durable et favorisant la participation. L’offre de médiation est co-construite avec un réseau de partenaires dans des domaines variés : médecine, art-thérapie, sport, petite enfance, arts vivants, milieux éducatifs, etc. Il s’agit d’une médiation dite sensible qui mobilise émotions, corps, sens et imaginaire.

Au départ, cette approche holistique des publics et cette médiation sensible concernaient essentiellement les publics à besoins spécifiques, qu’il s’agisse de handicaps sensoriels ou cognitifs, d’art-thérapie ou d’éveil culturel des jeunes enfants. L’approche purement corporelle, à travers des visites dansées pour les familles notamment, existait quant à elle depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, la médiation sensible irrigue l’intégralité de l’offre à des degrés divers, ce qui ne veut pas dire que les formats traditionnels disparaissent. Elle est un moyen et non une fin en soi.

Se faire du bien au musée

Il n’est pas forcément aisé pour des adultes de mettre en berne leurs inhibitions et de se dire qu’ils et elles peuvent appréhender les œuvres non seulement par le regard, l’intellect, la connaissance, mais aussi par le corps et par les sens. En développant l’axe « musée wellness », l’idée était d’amener à rencontrer les œuvres à travers une approche différente, tout en faisant en sorte que les personnes ressortent du musée en meilleure forme physique et mentale que lorsqu’elles y sont entrées.

C’est ainsi que depuis septembre 2023, des visites en mouvement pour les seniors, des cours de pilates au milieu des œuvres et des séances de méditation en pleine conscience sont proposés. Ces temps de bien-être constituent aussi des temps de médiation.

Cour de Pilates dans une salle du musée

Parfois, on imite des postures…

Ainsi, la séance de pilates hebdomadaire change toutes les semaines de salle : ancrage, respiration, diagonale, force, équilibre, construction, mouvement… les thèmes eux aussi varient chaque semaine. Chaque session est introduite par une présentation qui fait le lien entre la salle, le thème, une problématique culturelle ou artistique pertinente sur la base des œuvres exposées et les exercices physiques qui vont être pratiqués. Ceux-ci s’inspirent des œuvres. Durant la partie sportive, les participant.e.s sont invité.e.s à reproduire des positions, à pratiquer des séquences de mouvement en lien avec des couleurs, à choisir des œuvres. Mais tous les liens ne sont pas toujours explicites ou soulignés, laissant aussi à chacun.e une part d’interprétation.

Cour de Pilates dans une salle du musée

Diagonale chez Vallotton

La méditation en pleine conscience au musée propose de s’ancrer dans des lieux et devant des œuvres qui diffèrent en fonction des thèmes choisis. Le regard neuf, le non-jugement, la patience ou encore la confiance sont ainsi abordés autour de moments de méditation guidés, parfois assis, parfois en mouvement. Ces moments entrent en résonance soit avec les espaces, les salles du château de Zizers par exemple, soit avec les œuvres. Méditer face à Ramsès, ancré dans sa posture depuis plus de 3000 ans, ou face au tumulte du Triomphe de David de Vaccaro permet de faire de nouvelles expériences méditatives et de regarder, percevoir et ressentir les œuvres autrement. Entre les moments de méditation, c’est la médiation qui reprend sa place pour un commentaire sur les œuvres et des échanges avec les participantes et participants.

statue de Ramsès II

Statue de Ramsès II. Une posture méditative parfaite : bien assis, ancré dans sa posture, symétrique et stable !

Une parenthèse féconde

S’accorder un temps pour soi, ralentir, profiter du calme du musée, sans écrans ni sollicitations extérieures, constitue une parenthèse dans la vie quotidienne urbaine. Dans l’autre sens, cette nouvelle disponibilité née du moment de méditation, du pilates ou de la danse permet une nouvelle rencontre avec les œuvres et les espaces du musée qui se perçoivent différemment, comme un lieu vivant offrant une expérience unique et enrichissante. Les sensations et les émotions deviennent plus intenses, les interprétations plus riches et les connexions plus profondes.

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