Une tradition de longue date
Défendre un musée inclusif est une idée sur laquelle le Musée d’art et d’histoire, par le biais de son équipe de médiation, travaille depuis longtemps. Aujourd’hui plus que jamais, le MAH défend l’idée de lieux culturels à l’image de la société dont nous rêvons: des endroits où plus personne n’est exclu, pour quelque raison que ce soit.
Depuis de nombreuses années, le musée favorise ainsi l’accès à des publics autrefois mis à l’écart – à l’instar de la petite enfance, aujourd’hui plus que bienvenue! Briser la glace qui avait pu se former – dans l’esprit de certains – entre le monde muséal et le monde des tout-petits a toutefois été un travail de longue haleine.
Dans le cadre de la semaine professionnelle autour de l’éveil culturel qui se déroulera au Commun, à Genève, en lien avec l’exposition Une œuvre, mon doudou et moi, revenons sur l’ouverture du MAH aux tout-petits.
Une préoccupation qui remonte au siècle dernier
La fonction pédagogique est l’un des principaux socles des musées. La transmission est d’ailleurs l’une des trois missions du MAH, avec la recherche et la conservation. Or, il apparaît aujourd’hui tout à fait clair que l’éveil préexiste à l’éducation et qu’il est donc nécessaire d’inclure dès que possible les plus jeunes dans les lieux culturels.
N’oublions pas que l’accès à la culture n’est pas un loisir mais un droit¹ et que les tout-petits sont les enfants et les adolescents de demain, et les adultes d’après-demain; les mettre à l’aise au musée peut donc être considéré comme une stratégie à long terme en matière de public mais aussi à l’échelle de la société.
En 1998, Jeanne Pont, alors responsable de la Médiation culturelle au MAH, s’interrogeait sur la marche à suivre pour promouvoir et faciliter l’accès du musée aux plus jeunes. Il lui apparut alors primordial de travailler en réseau avec le monde de la petite enfance.
Les professionnels de la petite enfance : des partenaires essentiels
Aujourd’hui encore, la construction avec des professionnels du domaine est indispensable au bon déroulement de projets à destination d’un public spécifique. S’il est vrai qu’au MAH, certain.es médiateurs et médiatrices travaillent depuis de nombreuses années avec un public en particulier, devenant avec le temps spécialistes dans leur domaine, cette expertise s’est développée en travaillant en réseau avec le tissu associatif et institutionnel romand et même national.
Ainsi, dans les années 2000, le musée a initié une collaboration avec Maryjan Maître, alors en charge de l’éveil culturel à la crèche La Madeleine des Enfants: des supports de médiation pour les tout jeunes, des visites de crèches et des formations à destination des éducatrices et éducateurs ont ainsi vu le jour. Le document Les musées, mon doudou et moi est aussi né des divers échanges et de l’envie de favoriser les visites de lieux culturels avec des tout-petits tout en rappelant les codes et les règles à respecter. Ce document est mis à disposition des éducatrices et des éducateurs dans toutes les crèches municipales de la Ville de Genève.
Des accueils et projets ponctuels à une offre régulière et consolidée
Le bilan de toutes ces actions menées a été positif, et relève même de l’évidence: il est possible d’aller au musée avec des tout-petits. Et cette démarche est même essentielle! Fort de ce constat, et de l’appui de nombre de professionnel.les convaincu.es, le MAH est parti à la recherche de partenaires afin de s’adresser au public familial dans de bonnes conditions.
Car pour consacrer du temps à la petite enfance, développer et consolider des projets spécifiques, l’équipe de Médiation doit aussi pouvoir compter sur le soutien de mécènes. La Fondation genevoise de Bienfaisance Valeria Rossi di Montelera, par exemple, accompagne le MAH depuis 2014 dans cette mission spécifique.
À l’automne 2014 ont ainsi vu le jour les Visites à petits pas à destination des familles et de leurs enfants âgés de trois à cinq ans. Chaque mois, en dehors des vacances scolaires, une nouvelle déambulation propose de vivre une aventure, pour rencontrer des géants ou des chevaliers, observer les couleurs, reconnaître des formes, éduquer le regard et ouvrir tout grand ses yeux et ses oreilles tout en s’amusant!
Parallèlement, le contact a été pris avec l’École supérieure en éducation de l’enfant (ESEDE) afin d’aller à la rencontre de futur.es éducatrices et éducateurs et de les sensibiliser aux questions d’éveil esthétique, artistique et culturel. Depuis 2018, dans le cadre d’un module sur les représentations sociales (RS) et représentations personnelles (RP) sur l’éducation, le MAH reçoit chaque année entre 15 et 30 élèves de première année pour déconstruire leur vision personnelle des musées et imaginer une découverte du lieu avec des tout jeunes enfants fréquentant des structures d’accueil.
La formation continue à destination des éducatrices et éducateurs s’est elle aussi renforcée avec un module sur deux jours, dans le catalogue de l’HETS, depuis l’année scolaire 2020-2021.
Et dans un monde idéal…
… il reste encore beaucoup à faire !
Parmi les axes sur lesquels l’équipe de médiation du MAH planche actuellement, deux peuvent être mis en avant :
- Aller à la rencontre des familles vulnérables, dont les enfants ne fréquentent pas de crèches, en travaillant avec les réseaux d’espace parents-enfants, les haltes-jeux ou autres structures associatives.
- Améliorer la qualité des moments de partage et de découverte et questionner la place de l’enfant et de sa créativité lors de sa visite du musée.
Différents projets sont ainsi actuellement menés au MAH, à découvrir très prochainement sur ce blog!
Note 1 Article 31 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant- Les États parties reconnaissent à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge et de participer librement à la vie culturelle et artistique
- Les États parties respectent et favorisent le droit de l’enfant de participer pleinement à la vie culturelle et artistique et encouragent l’organisation à son intention de moyens appropriés de loisirs et d’activités récréatives, artistiques et culturelles, dans des conditions d’égalité.