Cette gravure appartient à un ensemble de six estampes de formats proches, probablement conçues comme une série, autour de l’enfance du Christ (« La Circoncision dans l'étable » (inv. E 2008-0106), « L'Adoration des bergers avec la lampe » (inv. E 90-0006 et E 2008-0109), « La Fuite en Égypte, le passage d'un gué » (inv. E 2008-0112 et E 2008-0113), « Jésus assis parmi les docteurs » (inv. E 2008-0119) et « Jésus ramené du Temple par ses parents »). Contrairement aux autres estampes de la série, celle-ci ne représente pas un passage biblique particulier. Rembrandt entame à la même époque une autre série autour de la Passion du Christ. Il semble que sa décision de réaliser des séries d’estampes religieuses soit liée à ses problèmes financiers. Les séries – pratique courante pour ce type de gravures aux XVIe et XVIIe siècles – se vendent en effet plus cher et sont susceptibles d’attirer un autre public que celui des feuilles individuelles. À partir de la « Vierge à l’Enfant » gravée au burin par Andrea Mantegna (vers 1430/1431 – 1506) vers 1480-1485 ( Londres, British Museum, inv. 1856,0712.1072 : https://www.britishmuseum.org/collection/object/P_1856-0712-1072), Rembrandt compose une scène domestique chargée de symboles. La Vierge est assise par terre, selon l’iconographie de la Vierge d’humilité, cependant le fauteuil à l’arrière-plan évoque aussi les images de la Vierge trônant, reine du Ciel. Le panier à ouvrage ouvert, d’où s’échappent des linges, fait écho aux vertus féminines d’obéissance et de diligence associées à Marie, mais évoquent aussi le travail d’Ève, qui file, au côté d’Adam. La Vierge est également la nouvelle Ève, qui piétine ici le serpent tentateur, tandis que Joseph observe la scène derrière une fenêtre, dont un des carreaux fait une auréole à Marie, et qui est aussi le symbole de sa virginité (la lumière traverse le verre sans le briser, comme Marie, mère, reste vierge). Le MAH possède un beau tirage du 1er état (inv. E 77-0265-013) et un du 3e (inv. E 2008-0120).