La montagne en perspective
Longtemps tenues à distance, les Alpes sont devenues, dès les premières expéditions de la fin du XVIIIe siècle, sujet d’étude mais aussi sujet pictural à part entière. Cette exposition rend hommage aux artistes dont les approches varient selon les personnalités et les époques, orientant sans cesse notre perception de la montagne. Arpentée en tous sens, tantôt immuable et quasi éternelle, tantôt fragile et menacée, elle est montrée sous différentes perspectives. Elle se révèle alors vertigineuse ou paisible, parfois surprenante, toujours émouvante. Œuvres iconiques ou inattendues, les peintures, gravures, photographies, vidéos et objets exposés interrogent son caractère sauvage ou au contraire domestiqué et, dans le contexte actuel qui place les questions climatiques au centre du débat public, remettent en question sa nature indestructible.
Focus sur une œuvre
Le Mont Blanc vu de Sallanches au coucher du soleil, 1802
Si cette vue nous semble aujourd’hui banale, tel n’est pas le cas en 1802 lorsque De
La Rive s’attaque à son sujet. C’est même l’aboutissement d’un examen patient du
Mont Blanc, entrepris lors de courses dans la vallée de l’Arve dès la fin des années
1780. Bien que déjà souvent représenté le Mont Blanc n’occupe pas encore cette
place de protagoniste que le peintre lui attribue dans son œuvre qu’il trouve lui-même
« imposant, bizarre, triste, et très difficile ». Par ailleurs, en éclairant l’objet le plus
éloigné – la montagne – et en plongeant le premier plan dans l’ombre, il a, dit-il
encore « renversé toutes les règles ». Mais le tableau rencontre un succès rapide et,
dans son sillon, nombre de peintres vont désormais faire le choix de peindre le Mont
Blanc depuis la rive droite du Léman. D’autres en revanche tenteront de renouveler le
thème en posant leurs chevalets dans les Alpes valaisannes, ou sur le sommet du
Brévent à Chamonix. Le Mont Blanc devient ainsi sculpture qu’il s’agit de fixer sur la
toile de tous côtés pour en saisir son impressionnante totalité.