Présentée au Salon de 1840, l'Urne funéraire n'a toujours pas livré le secret de l'identité de son commanditaire. Le cartouche sur le col sur lequel devrait être énoncé le nom de la personne commémorée est demeuré vide. Au centre de la face principale de la panse, une urne funéraire a été érigée ; elle est ornée du portrait du défunt, et Esculape, le dieu de la médecine, s'y recueille. Si ces deux figures sont flanquées des vertus théologales : à gauche l'Espérance et la Foi, à droite la Charité, l'agencement de la composition de ce relief n'en apparaît pas moins largement tributaire d'un vase dédié à Bacchus, conservé au musée du Louvre. L'ambitieux programme iconographique se poursuit au verso où un quadrige conduit par une Gloire supportant un homme défaillant est abruptement arrêté par le Temps brandissant son sablier. Sur le couvercle le sculpteur place une croix trilobée où figurent d'un côté la face du Christ, de l'autre le Saint Esprit sous les traits de la colombe aux ailes déployées. Les deux anges agenouillés en longue tunique servent d'anses. Pradier réconcilie le vocabulaire antique et moderne de la sculpture funéraire en réussissant magistralement à fédérer paganisme et christianisme.