En 1985, Mario Merz recevait le Prix de la Banque hypothécaire du Canton de Genève (BCG): l'artiste se voyait offrir une somme d'argent et une exposition au MAH, en contrepartie desquelles il faisait don d'une œuvre au musée. C'est donc ainsi que l'installation Sans titre est entrée dans les collections du MAH. L’installation monumentale de Mario Merz est très représentative du travail de l’artiste, tel qu'il se développe au milieu des années 1960 dans la tendance de l'Arte Povera. Elle comporte plusieurs éléments reconnaissables pour son travail et que Merz réutilisera tout au long de sa carrière. Une grande partie de l'installation est constituée de fagots de sarments de vigne posés à même le sol, côte à côte, formant un rectangle de 7 x 14 m et évoquant par leur mouvement une mer troublée. L’artiste utilise des éléments provenant de la nature, considérés comme intemporels tout en illustrant la dialectique entre nature et culture. Une extrémité de l'installation est «fermée » par des dalles de granit surmontées d'un grand dessin au fusain. Posés en diagonale sur les fagots, des chiffres en néon proviennent de la suite de Fibonacci. Cette suite mathématique, souvent utilisée par Merz, symbolise les liens entre nature, science et art. On la retrouve par exemple dans la construction des igloos, une forme d'habitation très fréquemment utilisée par l'artiste. La suite de Fibonacci illustre aussi l'idée de processus que l'artiste préfère à l'objet fini. Finalement, l'utilisation du néon, et donc de la lumière, révèle la structure cachée réglant à la fois les géométries naturelles et artistiques.