L’iconographie de cette plaquette est tirée de la mythologie grecque : elle illustre les trois femmes en fuite lors du rapt d’Hélène et fait pendant à une seconde (n° d’inventaire 012296) qui figure le jeune Pâris sur le Mont Ida, scènes extraites de l’histoire de Troie. Le sujet et les dimensions de ces deux plaquettes, actuellement isolées, laissent penser qu’elles ornaient un même coffret au moment de leur création. En effet, de telles plaques en ivoire ou en os étaient fixées à l’origine sur les côtés et le couvercle de coffrets en bois, produits pour la plupart en Italie. Offerts aux femmes à l’occasion de fiançailles ou d’un mariage, ils illustraient souvent des sujets mythologiques. La sculpture fine et la qualité soignée indiquent une main sûre. Stylistiquement, on peut comparer ces reliefs à ceux provenant de l’atelier des Embriachi, le plus réputé de l’Italie du Nord. Établi à Florence puis à Venise, son activité se situe entre 1370 et 1430 environ. Baldassare degli Embriachi (ou Ubriachi), marchand issu d’une noble famille florentine, en est le propriétaire, tandis que Giovanni di Jacopo, maître ivoirier, le dirige.Il travaille selon le principe d’une production en série, les pièces étant préparées à l’avance et rassemblées au gré des commandes, venues de toute l’Europe. Matériau privilégié par cet atelier, l’os provenant de grands mammifères (bœufs, chevaux) est sculpté puis poli afin d’imiter l’ivoire, plus précieux. L’atelier des Embriachi joue de l’ambigüité de la matière.