Description
Quai sous la neige
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Cette oeuvre singulière d'Albert Marquet (Bordeaux, 1875-Paris, 1947), "Quai sous la neige", est peinte vers 1905-1906. A cette date, Albert Marquet, enfant du sud né à Bordeaux en 1875 mais établi à Paris dès 1890, avait installé son atelier au quai des Grands-Augustins. Formé aux Arts décoratifs,
puis aux Beaux-Arts dans l'atelier de Gustave Moreau, Marquet était lié, à cette époque, avec Matisse et Dufy, et participa à l'exposition de 1905 que l'on appela par dérision «des fauves» tellement les couleurs pures, violentes, simplement juxtaposées, et les formes d'apparence maladroite, avaient choqué par leur agressivité et leur primitivisme. Pourtant la violence n'est pas le trait dominant de la peinture que produit alors Marquet. Ses portraits, ses scènes populaires et surtout ses paysages montrent une volonté affirmée de maîtriser la composition par un jeu d'équilibre des masses colorées, sous-tendu par des diagonales, sans que l'espace ne fuie pour autant. Ses constructions, toujours économiquement bâties, tendent vers une asymétrie pour laisser à la couleur la tâche d'ancrer solidement l'harmonie de la scène dans la peinture même. C'est la pâte et le geste du pinceau qui donnent à l'image à la fois sa densité, son climat expressif et sa vérité, une vérité psychologique plus que descriptive, car le peintre ne se soucie
pas du détail réaliste. Dans la plupart des paysages qu'il peint à cette période, Marquet privilégie la vue plongeante qui légitime ses diagonales appuyées et lui donne cette distance bienvenue qui rendrait vaine toute tentative de précision. Depuis la fenêtre de son atelier, il peint, et repeint, ce quai des Grands-Augustins qui lui ouvre de si séduisantes perspectives. D'une version à l'autre, les saisons changent, mais la composition reste à peu près identique, avec plus ou moins d'éléments d'architecture, de bateaux, d'arbres ou de passants. Ces motifs ne sont là, d'ailleurs, que pour souligner ce qui capte son attention, le mouvement, celui, immuable, des flots de la Seine, celui de la circulation - des voitures à chevaux, quelques promeneurs -, celui des saisons. La version genevoise, qui fut présentée dans plusieurs expositions, au Musée Rath en 1954, dans "Trésors des collections romandes", et, en 1960, au Musée de l'Athénée dans "De l'impressionnisme à l'école de Paris", est un tableau presque
atypique dans la suite que Marquet a consacrée à ce thème. D'ambiance sourde et, à certains égards presque monochrome, d'une facture peut-être plus rapide, il est, sans conteste, l'un des tableaux les plus gestuels de Marquet.
Claude Ritschard, Enrichissements des collections du département des beaux-arts en 1998, Genava, tome 47, 1999, P177
PLUS D’INFORMATIONS SUR L’OEUVRE
Bibliographie
Elsig Frédéric, Lopes Victor (dir.), avec la collaboration de Haefeli Joanna, De bleu, de blanc et de rouge. Catalogue des peintures françaises du XIXe siècle (1800-1918), Milan: Silvana Editoriale, 2024, p. 490-491, n° 201
Lafargue Jacqueline (dir.), Marquet. Vues de Paris et de l'Île-de-France, catalogue d'exposition, Paris, Musée Carnavalet, 20 octobre 2004-23 janvier 2005, Paris: Paris-Musées, 2004, n° 36, p. 123, p. 54 repr. coul.
Ritschard Claude, "Enrichissements des collections du département des Beaux-Arts", Genava, L'archéologie classique dans l'objectif, Waldemar Deonna 1880-1959, n. s., 47, 1999, p. 151-179, consulté à l'adresse URL: https://www.e-periodica.ch/digbib/view?pid=gen-001%3A1999%3A47#183, pp. 176-179, p. 177, repr. n/b, n° 2
Lassaigne Jacques (dir.), De l'impressionnisme à l'école de Paris, catalogue d'exposition, Genève, Musée de l'Athénée, 16 juillet- 29 septembre 1960, Genève: Musée de l'Athénée, 1960, n° 45
Grandjean Marcel (dir.), Trésors des collections romandes (Ecoles étrangères), catalogue d'exposition, Genève, Musée Rath, 26 juin-3 octobre 1954, Genève: Musée d'art et d'histoire, 1954, p. 32, cat. 171
Kunsthaus Zürich (dir.), Französische Kunst des XIX. und XX. Jahrhunderts, catalogue d'exposition, Zurich, Kunsthaus, 5 octobre-14 novembre 1917, Zurich: Neue Zürcher Zeitung, 1917, p. 34, n° 323