Cette épreuve unique fait partie d’un ensemble de trente-quatre lithographies, chacune destinée à illustrer un chant de L’Enfer de Dante. Prévu pour 1930, ce projet d’édition lancé par André Malraux et Gaston Gallimard ne verra jamais le jour, constituant néanmoins un jalon mythique de l’histoire de l’estampe moderne. Sur la base des bons à tirer des estampes produites par Jean Fautrier (dont les deux conservés au MAH), la publication fut déclarée impossible. L’artiste y pousse en effet la technique lithographique au-delà des limites connues, y transposant le style unique et singulier qui se fait alors jour dans sa peinture : opacité et saturation des coloris, densification de l’encre afin de créer des effets de superposition, voire de matière. Victime de son ambition, mais aussi de la crise de 1929 et de la Seconde Guerre mondiale, l’édition fut envisagée à nouveau en 1948 puis définitivement abandonnée.