Entre 1807 et 1814, Töpffer réalise de grandes aquarelles fustigeant l’engagement de Pictet de Rochemont en faveur des théories du Bernois Philipp Emanuel von Fellenberg (1771-1844). Ce patricien, influencé par Pestalozzi, avait fondé en 1807 une « république éducative » autour de son château de Hofwyl dans le canton de Berne, celle-ci avait pour but de former les jeunes gens, notamment pauvres, par l’école et la pratique agricole. Soucieux d’amélioration des moyens d’apprentissage comme de production, il crée un institut d’agriculture et une fabrique de machines, et rédige ses Vues sur l'agriculture de la Suisse et le moyen de la perfectionner(1808). La rationalisation, la mécanisation et la gestion économique des domaines sont pour lui des facteurs d’augmentation du rendement des campagnes et du bien-être des paysans. Des idées largement relayées par la Bibliothèque britannique et ses principaux rédacteurs dès 1808. On s’étonne un peu de la virulence du libéral Töpffer à l’égard d’idéaux philanthropiques et progressistes a priori proches de sa sensibilité. Mais il s’irrite surtout de l’attitude des doctes Genevois dissertant sur l’agriculture sans penser aux agriculteurs eux-mêmes, et au fait que la nature, son sujet de prédilection en tant que peintre, se voit « défigurée » par la mécanisation. La postérité lui pardonnera toutefois cette « erreur de jugement » au vu de ces œuvres virtuoses !