Cette série se distingue par une iconographie particulièrement choquante. Hogarth réagit ainsi aux violences qu’il constate quotidiennement dans les rues de Londres, et réalise à bas coût un ensemble destiné à l’édification morale des classes populaires. La première estampe est consacrée à l’enfance d’un personnage de fiction, Tom Nero, tortionnaire d’animaux dans le quartier pauvre de St. Giles. La seconde le montre en cocher battant son cheval comme Balaam son âne, sous l’œil épouvanté des avocats de la City. La troisième constitue le paroxysme de sa barbarie : Tom est arrêté pour avoir assassiné sa maitresse enceinte, Ann Gill, après l’avoir poussée à voler pour lui. La récompense de sa cruauté est une fin sordide, prédite par un graffiti dans la première planche : comme le voulait l’habitude pour les condamnés à mort, le corps de Tom Nero est disséqué par des chirurgiens dans une scène pastichant horriblement le frontispice du Fasciculus Medicinae, un célèbre traité médical illustré de la fin du Moyen Âge. La violence visuelle dont fait ici preuve Hogarth sera souvent utilisée par les caricaturistes de la fin du siècle, conscients de l’efficacité du « choc des images ».