Le vase, attesté dès la fin du XVIIIe siècle, appartient à son arrivée à Genève à la collection Jean-Gabriel Eynard, pour passer ensuite dans une autre collection genevoise et devenir enfin la propriété du Musée d’art et d’histoire. Jusqu’à sa précédente appartenance, ce vase avait échappé à l’attention des archéologues. Il s’agit d’un cratère en cloche dont le pied est en scotie, moulure dite aussi « en nacelle » ornant les bases de colonnes ioniques. Cassé en quatre grands morceaux et recollé, le vase n’a pas été repeint. Certaines parties réservées sont d’une teinte plus orangée que les autres ; il s’agirait de taches organiques qui ont pénétré dans la surface à la suite du séjour du vase dans la terre. La technique picturale est la figure rouge réservée avec un large emploi du rehaut blanc et jaune. Sur le col, le décor consiste en branches de laurier et baies avec, au-dessous, une guirlande d’oves et de points. La panse est délimitée en bas par une ligne de méandres entrecoupée de rectangles barrés de diagonales. La répartition irrégulière de ces rectangles s’explique par leur correspondance avec l’emplacement des personnages dans la scène figurée qui occupe chacune des faces du cratère. Face A: Monté sur Pégase, Bellérophon quitte ses hôtes, le roi Proitos et la reine Sthénébée. La scène illustre la vengeance ourdie par le roi à l'encontre du jeune homme. La reine s'étant éprise de Bellérophon et celui-ci l'ayant repoussée, elle l'accuse d'avoir voulu la séduire. Pour se venger, Proitos charge Bellérophon de porter une lettre à son beau-père Iobatès, roi de Lycie, dans laquelle il lui enjoint de mettre à mort le messager. Face B: à gauche, une femme coiffée du saccos et vêtue du péplos, offre une libation à deux guerriers. Elle porte un skyphos dans la main droite, dans l'autre une oenochoé peinte en blanc. Le guerrier du centre rappelle, par son vêtement, le roi Proïtos, même tunique, même himation, même geste en appui sur une lance. De l'autre main, il tend un casque surmonté de trois plumes gigantesques à son compagnon. Celui-ci est assis sur une butte et présente un équipement semblable.