Description
Coucher de soleil à l'horizon
Dans une petite toile de 1903, "Coucher de soleil à l’horizon", Perrier vallonne ses montagnes jusqu’à la limite d’un horizon barré d’une nuée derrière laquelle le soleil s’abîme. Il brûle le ciel au couchant d’un intense orangé derrière l’appui violacé des nuages qui protègent son rayonnement. L’aura du soleil envahit le ciel jusqu’au bleu du zénith, réservant au nord une zone turquoise. La masse chromatique s’étend, du plus intense au plus nuancé, en une forme diffuse qui tend à l’ellipse sous l’effet de la réserve turquoise. L’astre a déjà disparu à l’horizon de la nuée ; la lumière qu’il projette est basse et frisante. Pourtant, à l’exception du premier mont qui se dresse à l’avant-plan du tableau, qui répond à une vision précise, le paysage tout entier baigne dans une luminosité mauve qui estompe les volumes en un moutonnement dessiné de fines structures linéaires ; elles décrivent le lointain Jura vers un apaisement, au-delà du lac Léman, dont on devine la présence à deux éclats de lumière solaire, qui contraste avec les masses plus rythmées du premier plan. Du moins au point le plus proche de la vision, car cette première montagne déjà s’adoucit à la retombée de sa pente. Espace et lumière font de ce paysage un lieu insolite. L’homogénéité des valeurs de la montagne semble en-deça de la force de la lumière du couchant. Nulle ombre portée, nulle architecture marquée d’oppositions, nulle déformation du visible, sinon l’imprécision, sous l’effet d’un soleil pourtant si présent qu’il résume le sujet. L’espace est perçu en surplomb, du surplomb de cette première montagne qui cependant casse ses volumes dans l’obscurité d’un seul contre-jour. L’œil qui capte cette lumière ne sait pas très bien dans quelle direction l’emmène une perspective qui allie une vision frontale aussi bien qu’une projection selon deux points de fuite, l’un dans la diagonale de la montagne, l’autre attiré par le trou bleu du ciel. Le paysage répond à deux visions : celles d’un ici et d’un ailleurs (Claude Ritschard, catalogue de l'exposition Alexandre Perrier, MAH, Genève, 14.04-31.05 1986)
PLUS D’INFORMATIONS SUR L’OEUVRE
Bibliographie
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Chow Franklin, Payot Wunderli Isabelle, Oltramare Yves (dir.), Mountains and Lake: Landcapes by Alexandre Perrier (1862-1936), catalogue d'exposition, Shanghai, The Shanghai Museum, 22 septembre-27 novembre 2011, Shangai: Shanghai Museum, 2011,
Valentina Anker, Le symbolisme suisse : Destins croisés avec l'art européen, Bern-Sulgen-Zürich, Benteli, 2009, p. 230
Ritschard Claude, Vögele Christoph (dir.), Alexandre Perrier (1862-1936), catalogue d'exposition, Soleure, Kunstmuseum Solothurn, 14 août-23 novembre 2008; Genève, Musée d'art et d'histoire, du 19 mars-23 août 2009, Genève: La Baconnière/Arts, 2008, fig. XVI, p. 93, repr. coul.
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Vogele Christoph, Bianchi Matteo, Ruedin Pascal (dir.), 1900 - Symbolisme et Art nouveau dans la peinture suisse, catalogue d'exposition, Soleure, Kunstmuseum, 17 juin-27 août 2000 ; Bellinzone, Civica galleria d'arte Villa dei Cedri, 15 septembre-29 octobre 2000 ; Sion, Musée cantonal des beaux-arts, 19 novembre 2000-7 janvier 2001, Soleure, Bellinzone, Sion: Solothurn Kunstmuseum, Civica galleria d'arte Villa dei Cedri, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 2000, 162.8
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