Au sein des Musées d’art et d’histoire, la médiation culturelle s’attache à favoriser le lien entre les publics, présents et potentiels, et les objets présentés. Visant à faire du moment de visite un plaisir avant tout, les médiateurs culturels sont attentifs à proposer un panel d’activités et d’outils propres à la diversité des publics attendus. Des priorités et axes de travail ont été définis en 2009 et orientent les actions de l’équipe de l’Accueil des publics.
Multiplier les approches pour favoriser l’accessibilité
Devant la diversité des attentes et des pratiques des visiteurs, les médiateurs cherchent à exploiter les collections via des visites aux formes variées. En 2009 sont nées les visites «pas à pas», destinées à faire découvrir les grandes sections du Musée d’art et d’histoire ou la Maison Tavel. D’autres formes ont été ensuite développées. Les «vingt minutes, une œuvre», examens plus approfondis d’un objet, précèdent les concerts du dimanche et animent les dimanches thématiques nés du Centenaire de l’institution. Les visites thématiques offrent quant à elles une approche transversale d’un sujet et valorisent la dimension encyclopédique du MAH. Le portrait, la vigne et le vin, ou encore la lumière sont autant de façon de témoigner de la pérennité et des variations d’un thème au fil des siècles et des cultures.
Jeune public et familles
Autre forme spécifique de rendez-vous, les «moments-famille» sont ancrés depuis longtemps dans la politique d’accueil des familles aux MAH. Moments interactifs favorisant la pratique intergénérationnelle, ces moments-famille sont proposés dans les expositions temporaires et, les mercredis, dans les collections permanentes sous le nom de «mercredis family». Le jeune public est par ailleurs invité à des ateliers lors des vacances scolaires, à des visites-ateliers d’initiation à l’histoire de l’art à l’automne ou encore à des moments de conte. Les plus jeunes (2 à 5 ans) bénéficient d’un programme adapté grâce à un partenariat avec la Bulle d’air, spécialisée dans l’éveil musical des tout-petits. Cette politique en faveur du jeune public et des familles fait par ailleurs l’objet d’une communication ciblée depuis l’an dernier, portée par les illustrations gaies et colorées d’Adrienne Barman. En outre, les enfants sont évidemment invités par le biais de l’école à bénéficier de l’offre des MAH.
Approches personnalisées autour du handicap
Autre réponse à la diversité: le développement d’une offre adaptée aux divers handicaps.
Le premier engagement fort fut fait en direction du public sourd et malentendant avec, en particulier, des visites en langue des signes française (LSF). Grâce à un fructueux partenariat avec la Fédération suisse des sourds, le MAH assure aujourd’hui des visites en LSF sur différents thèmes. Un vidéoguide, réalisé avec le Département de la culture, est par ailleurs disponible à l’accueil du musée.
Pour les personnes aveugles et malvoyantes, des visites descriptives et multisensorielles existent depuis 2011 et font l’objet d’un renouvellement chaque trimestre, autour du paysage, de portraits de femmes de pouvoir ou encore des Baigneurs à la Garoupe de Picasso.
Un travail sur les supports de médiation
Outre la médiation présence, qui met le visiteur en contact direct avec le médiateur culturel ou un autre représentant du musée, un effort est actuellement fait sur la conception de supports d’aide à la visite. Les formes en sont variées et permettent de s’adapter au contexte, aux délais et au public concerné. Audioguides du MAH en français, anglais ou allemand, production de livrets ou plans d’accompagnement dans les expositions temporaires, parcours-découverte renouvelés pour les enfants, outils multimédia en cours de conception… La médiation culturelle est particulièrement attentive aux développements numériques, car ces nouveaux outils sont une voie vers une offre «à la carte» des contenus produits par le musée.
Élargissement et fidélisation
L’objectif de ces axes de travail est d’élargir l’audience de nos musées et de fidéliser nos visiteurs. À ce titre, il faut commencer par identifier le public actuel des MAH. Grâce à la mise en place de la Passerelle d’Observation des Publics au Département de la culture, des enquêtes ponctuelles ont eu lieu au MAH depuis la fin 2009 pour tenter de dresser un profil socio-démographique des visiteurs. À la Maison Tavel, le processus est en cours depuis le mois de février 2012 et devrait permettre de dessiner, sur une année, les variations de la composition du public au gré de la saison touristique. Mieux appréhender notre public touristique et la marge de progression qui s’offre à nous sera évidemment un apport de ces études.
Au niveau local, les MAH travaillent à mieux ancrer les musées au cœur de la cité en favorisant les partenariats culturels enrichissants. L’ouverture à des formes artistiques diversifiées caractérise le MAH dont les collections d’instruments de musique ont amené de longue date la mise en place du cycle de concerts «Musée-Musique», avec la Fondation la Ménestrandie. La Fête de la musique, les concerts de l’Ensemble Contrechamps ou du Quatuor de Genève, la Bâtie-Festival de Genève ou encore les visites commentées en lien avec le Théâtre de Carouge sont autant d’occasions de croiser les publics et de poser un regard nouveau sur nos collections.
Enfin, s’adresser au public genevois, c’est aussi prendre en compte la dimension internationale de la ville et améliorer l’accessibilité des anglophones – et de tout allophone – à nos contenus. Les avancées sont encore timides mais les visites commentées en anglais sont désormais régulières et la traduction en anglais des documents d’aide à la visite progresse.
En guise de conclusion…
Il reste encore du chemin à parcourir et bien des champs à ouvrir – ou rouvrir – pour améliorer l’accueil du public au sein de notre institution: les adolescents, les étudiants, les seniors, etc. sont autant de visiteurs potentiels pour lesquels nos musées doivent devenir plus attractifs. À l’évidence, un projet de rénovation du MAH constituera une étape essentielle de ce parcours: nouveaux espaces, nouvelle présentation des collections, nouveaux modes d’accès au musée qui amèneront une évolution positive dans nos relations avec le public. Une relation que nous souhaitons toujours plus interactive.