L’éveil culturel au MAH

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L’initiative Lapurla à l’origine d’un projet-pilote au MAH

Le MAH, l’association Kaléidoscope et la Coccinelle ont uni leurs forces pour un projet pilote en faveur de l’éveil culturel des tout-petits laissés en marge de la vie artistique, dans le cadre l’initiative Lapurla.

L’éveil culturel au cœur de la mission du MAH

Le développement de la recherche en neuroscience a démontré l’importance de l’éveil culturel et des émotions dans l’apprentissage, particulièrement chez les plus petits. Et venir au musée, en particulier au MAH, c’est s’immerger dans un vaste bâtiment centenaire, naviguer entre des objets et des œuvres aux milliers d’histoires. C’est apprendre à regarder le monde qui nous entoure et le questionner. C’est aussi se connecter à son ressenti. Enfin, c’est exprimer librement ses goûts, ses intérêts et découvrir sa propre créativité. Dans cet esprit, le MAH porte une attention particulière à ce très jeune public au travers de nombreuses actions à destination des crèches mais aussi des familles.

Or, à Genève, nombreux sont les enfants en âge préscolaire à ne pas fréquenter de crèche. De même, toutes les familles ne se rendent pas facilement au musée. Il est donc nécessaire de provoquer la rencontre avec les petits éloignés de la vie culturelle – et leur famille – au moyen de projets qui leur sont spécialement dédiés.

Une visite au MAH avec les enfants de la Coccinelle, le 16 novembre 2021

Le MAH et l’initiative Lapurla

Depuis 2018, le MAH collabore avec l’association Kaléidoscope qui défend l’accès à la culture de familles en situation de vulnérabilité sociale et économique dans le canton de Genève. Une série de visites a ainsi été organisée pour des familles fréquentant des foyers ou des associations sociales et élevant des enfants de 0 à 4 ans.

En 2020, le musée et l’association ont répondu ensemble à l’appel à projets pour la Suisse romande de l’initiative nationale « Lapurla, les enfants explorent »1. Est ainsi né un projet pilote alliant la philosophie de cette initiative et l’engagement du musée en faveur de l’éveil culturel chez les publics précaires.

Première découverte d’une tableau de Ferdinand Hodler, le 20 avril 2021, au Foyer Rigot

Intitulé « Ensemble, partons explorer le MAH ! », ce projet a été mené durant l’année 2021 avec La Coccinelle. Cet espace enfant du Foyer Rigot, centre d’hébergement collectif de l’Hospice général pour requérants d’asile, accueille des enfants âgés de 1 à 4 ans trois demi-journées par semaine.

Plusieurs préceptes ont guidé notre action:

  • La continuité plutôt que l’exclusivité: la créativité nécessite du temps. Chez l’enfant, elle a aussi besoin d’une atmosphère propice et réconfortante pour éclore. Le projet s’est donc déroulé sur la durée, au cours de deux cycles de 4 à 5 rencontres chacun, pour explorer le MAH et sa collection. Nous avons pris le temps de faire connaissance avec les enfants et avec l’équipe éducative de la Coccinelle. Il fallait créer une relation de confiance, en venant tout d’abord à leur rencontre, chez eux, en leur «amenant » le musée petit à petit, puis en les y accompagnant.
  • L’inspiration plutôt que l’animation: les enfants ont eu le choix de s’approprier de manière multisensorielle, et adaptée à leur âge, deux thèmes qui ont fait l’objet d’ateliers à La Coccinelle et de visites au MAH. Durant le premier semestre, nous avons évoqué les couleurs et les montagnes à travers La Jungfrau dans le brouillard de Ferdinand Hodler. Durant le second, nous sommes partis à la découverte des matières, en observant des œuvres sculptées de la salle des antiquités égyptiennes du MAH. Pour chacun des thèmes, nous avons fourni aux enfants différents supports de médiation leur permettant d’approcher les œuvres à leur manière et stimulant chacun de leurs sens ­– histoire, découverte tactile, mouvement et regard.
  • Avec les enfants plutôt que pour les enfants: s’adapter au rythme et aux besoins de chacun est l’une des valeurs essentielles de la médiation culturelle. Elle est liée à l’une des qualités de ce projet: la collaboration. Le projet a été coconstruit par trois partenaires, l’Association Kaléidoscope, le MAH et l’équipe éducative de La Coccinelle, et ce, toujours dans l’écoute et en suivant la réaction des enfants.
  • Participation culturelle et égalité des chances: chez les tout-petits, il est impératif de réduire le fossé, souvent creusé dès l’entrée à l’école, entre celles et ceux qui ont acquis les règles et le fonctionnement de la vie en collectivité et les autres. La préparation des enfants, qui n’ont pas eu accès aux structures d’accueil, et celle de leurs parents à la rentrée scolaire est indispensable. C’est en tout cas ce que reflètent de nombreux projets mis en place par les structures parents-enfants et par le bureau de l’intégration des étrangers.

L’éveil culturel : une expérience à partager

Cette préparation à l’entrée à l’école passe aussi par l’intégration des familles dans la vie sociale et culturelle de la cité. Les enfants ont besoin d’être accompagnés pour trouver leur place dans un groupe, vivre des expériences en dehors de la cellule familiale et découvrir leurs émotions, tandis que les parents doivent être témoins des apprentissages de leurs petits et pouvoir en tirer de la fierté. Chaque cycle s’est ainsi achevé sur une rencontre (visite ou exposition) incluant les parents et les familles pour partager les expériences vécues.

Le 24 février dernier, une rétrospective du projet était organisée au sein du foyer Rigot pour les familles, les partenaires du réseau culture, intégration et petite enfance et les résident.e.s du foyer, avec pour message que cette fin était en réalité le début de nouvelles aventures. L’éveil culturel, c’est semer des graines qui n’ont plus qu’à germer!

Les plus grands enfants du Foyer Rigot découvrent les photographies du projet, le 24 février

1 Le Pour-cent culturel Migros et la Haute école des arts de Berne HKB ont lancé le réseau Lapurla en 2017: « L’initiative nationale Lapurla ouvre des espaces de liberté créative aux plus jeunes. Les enfants de 0 à 4 ans découvrent des institutions culturelles en tant qu’univers sensoriels variés en compagnie de leurs personnes de référence. Inspirés par des professionnels des arts et des médiateurs culturels, ils explorent leur environnement. Parce que la culture renforce la personnalité, dès le plus jeune âge. »

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