Les saints et les saintes au Moyen Âge

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À la fin du Moyen Âge, les saints et les saintes accompagnent chacun, sa vie durant, de la naissance à la mort. Le nom de baptême est notamment donné en leur honneur. On les invoque aussi régulièrement pour des demandes particulières, lors de maladies ou de difficultés. Les saints sont à la fois les amis de Dieu et ceux des hommes. Ils aident ces derniers à progresser sur le chemin du paradis. Leur dévotion est familière, affective et mêlée d’espoir. Les fidèles cherchent dans leur protection un remède à leurs maux, en particulier lors des grandes épidémies de peste. Mais c’est surtout au moment de la mort qu’ils ont besoin d’eux. Les saints sont alors les avocats des défunts pouvant adoucir le jugement de Dieu. Cependant, aux XIVe et XVe siècles, le salut individuel est une affaire collective: le sort du défunt repose entre les mains de la communauté des croyants, qui prient les saints d’intercéder en sa faveur.

Il n’est alors pas étonnant que les saints et les saintes deviennent l’un des thèmes majeurs de l’art de cette époque. Que ce soit dans l’église, en ville ou à la maison, leurs effigies occupent une place privilégiée et s’adressent à la population toute entière, du plus humble au plus riche. Chaque paroisse est tenue de placer sur l’autel-majeur de son église l’image du saint patron aux côtés d’un crucifix et d’une représentation de la Vierge.

Des saints disparus

À Genève, il est difficile de mesurer aujourd’hui leur importance. La quasi-totalité des «images» jugées idolâtres ont été détruites à la Réforme ou échangées contre d’autres biens avec les régions restées catholiques. L’exposition Ferveurs médiévales, qui se tient du 31 mai au 22 septembre à la Maison Tavel, réunit des œuvres provenant des Alpes occidentales, aire géographique et culturelle à laquelle Genève appartenait, qui permettent de comprendre le rôle des saints dans la société genevoise, à travers leurs différentes représentations.

Les légendes des saints présentés dans l’exposition de Genève

Saint Pierre
Simon, nommé Pierre par Jésus, exerça le métier de pêcheur au bord du lac de Génésareth en Galilée. Jésus l’appela à le suivre. Pierre fut témoin d’événements majeurs de la vie du Christ, comme la Marche sur les eaux et la Transfiguration. Au moment de la Passion, il assista à l’agonie du Christ au Jardin des Oliviers et à son arrestation. Puis il renia trois fois Jésus, comme celui-ci l’avait prédit, et s’en repentit amèrement. Hérode Agrippa, roi des Juifs, le fit emprisonner, mais un ange le délivra de ses chaînes. Après avoir été jeté à nouveau en prison, il baptisa ses geôliers et s’évada. Persécuté et finalement condamné à être crucifié, Pierre demanda, par humilité, à l’être la tête en bas pour ne pas mourir comme le Christ.

En souvenir de sa profession, il fut le patron des pêcheurs et des bateliers; par son nom, il fut aussi celui des tailleurs de pierre, maçons, puisatiers et plâtriers; par ses chaînes, celui des forgerons; par les clefs, celui des serruriers et horlogers; parce qu’il lia et délia, il a été vénéré par les moissonneurs et les vanniers. Il compta aussi parmi les saints guérisseurs. On l’invoquait en cas de fièvre, de folie, de morsures de serpents ou de chiens enragés.

Ses attributs: deux clefs

Sainte Madeleine
Marie de Magdala (ville de Galilée) ou Marie la Madgaléenne, autrement dit Marie-Madeleine, possédée par sept démons, est guérie par Jésus. Convertie, elle devient sa disciple et le suit jusqu’à Jérusalem. Présente au moment de la Crucifixion, elle assiste à la Mise au tombeau et, au matin de Pâques, elle fait partie du groupe des trois femmes qui achètent des aromates pour l’onction du corps du Christ et qui se rendent au sépulcre. Elles y rencontrent l’ange qui leur révèle la Résurrection. Marie-Madeleine est la seule à voir Jésus, qu’elle prend pour un jardinier. C’est elle qui va annoncer la Résurrection aux apôtres.

Les prostituées et autres femmes en détresse lui vouent une vénération particulière. En référence aux onguents et aromates qu’elle porte, elle est patronne des lépreux, des apothicaires, des parfumeurs et des jardiniers. Marie-Madeleine protège nombre d’hospices. Les vignerons, les tisserands, les couturiers, les tanneurs, les gantiers et les cordonniers font aussi particulièrement appel à elle. Souvent représentée les cheveux défaits et libres, elle est devenue la sainte des coiffeurs.

Son attribut: un pot aux aromates

Statue de sainte Marie-Madeleine, vers 1515
Atelier de Hans Geiler
© Musée d’art et d’histoire, Fribourg
Inv. 2431

Catherine
Catherine, fille du roi Coste, naît au IIIe siècle à Alexandrie, où elle suit l’enseignement des plus grands philosophes et fait preuve d’une grande intelligence. Elle se serait convertie à la foi chrétienne à la suite d’une vision, au cours de laquelle lui apparut le Christ qu’elle prit alors pour fiancé. Ayant été informé de sa beauté, l’empereur Maxence émet le désir de l’épouser, mais elle refuse pour se consacrer entièrement au Christ. Pour la faire renoncer à sa foi, il la met à l’épreuve et l’invite à un débat philosophique. Elle confond alors les savants qui lui sont opposés et les convertit, ce qui déclenche la colère du souverain. Maxence l’emprisonne et la condamne au supplice en utilisant une machine à roues garnies de pointes et de lames en fer. L’instrument de torture se brise miraculeusement et épargne Catherine. Finalement l’empereur la fait décapiter.

La sainte savante est invoquée par les philosophes, les théologiens, les écoliers, les étudiants, les orateurs et les avocats. Elle est patronne des artisans qui utilisent des roues ou des couteaux, tels les charrons, meuniers, potiers, rémouleurs, plombiers, tourneurs, fileuses de laine, barbiers, tailleurs, drapiers et cordiers. En référence au lait qui coula à sa mort, les nourrices font appel à elle. Elle est aussi la patronne des filles à marier.

Ses attributs: le roi Maxence et la roue brisée

Marguerite
Marguerite est née à Antioche au IIIe siècle. Après sa conversion au christianisme, elle est chassée par son père, un prêtre païen. Elle retourne alors chez sa nourrice qui la baptise et l’instruit. Elle garde les troupeaux de celle-ci quand le préfet romain Olibrius remarque sa beauté. Il désire l’épouser. Mais Marguerite refuse, car elle ne veut ni renier sa foi ni devoir honorer les dieux païens. Très en colère, le préfet la fait emprisonner et la soumet à de nombreux supplices. Un dragon démoniaque serait apparu à Marguerite dans sa prison. Marguerite aurait alors fait le signe de croix devant le dragon, qui se serait aussitôt enfui. D’après une autre version, le dragon l’aurait avalée, mais la jeune fille l’aurait fait
éclater en faisant le signe de croix et en serait sortie indemne. La voyant invaincue, Olibrius donne finalement l’ordre de la décapiter.

Marguerite est la patronne des femmes en couches. On l’invoque lors d’une grossesse difficile ou en cas d’épanchements de sang, mais aussi quand les enfants sont malades ou que leur éducation présente des problèmes. En référence à son nom latin margarita, qui signifie «perle», elle est vénérée par les bijoutiers, les maçons et les tailleurs de pierre.

Son attribut: le dragon

Barbe
Selon la tradition, la sainte aurait vécu à Héliopolis, l’actuel Baalbek au Liban, sous l’empereur Maximin. D’autres sources la voient naître à Nicomédie, aujourd’hui Izmit, en Turquie. Son père, Dioscore, aurait été un riche païen descendant de satrapes perses, qui enferma sa fille pendant un de ses déplacements dans une tour à deux fenêtres. Il voulait la soustraire au prosélytisme des chrétiens. Cet emprisonnement n’empêcha pas Barbe de recevoir le baptême d’un prêtre déguisé en médecin. À son retour, le père apprit de sa fille cette conversion symbolisée par le percement d’une troisième fenêtre, image de la Trinité. Traînant Barbe devant le gouverneur romain de la province, on lui demanda de trancher lui-même la tête de sa fille qui refusait d’abjurer sa foi nouvelle. Dioscore n’hésita pas à exécuter le jugement, mais il fut ensuite foudroyé.

Barbe protège des orages, des incendies, des crues, des éboulements ou des avalanches et de toute mort subite. Elle est invoquée par les artificiers, les pompiers, les artilleurs, les démineurs, les métallurgistes et toute profession soumise au feu ou aux explosifs. Sa grande instruction l’ayant menée à la conversion, elle est aussi patronne des étudiants et des libraires.

Son attribut: une tour aux trois fenêtres

Volet d’un retable représentant sainte Catherine et
sainte Barbe, vers 1520
Hans Boden, signé en bas
© Musée national suisse, Zurich
Photo : Musée national suisse DIG-18202
Inv. LM 6328

Article écrit dans le cadre de l’exposition Ferveurs médiévales, à voir à la Maison Tavel du 31 mai au 22 septembre 2013

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