Les céramiques sauvées des eaux de la collection Zakos

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Durant tout le millénaire byzantin, les routes maritimes, déjà en usage dans l’Antiquité, furent suivies en Propontide jusqu’en Mer Noire et dans l’ensemble de la Méditerranée. Cependant la navigation n’était pas sans risques, à en juger par les nombreux témoignages qui nous sont parvenus de bateaux échoués en mer Egée, principalement pour la période allant du Xe au XIIIe siècle.

Parmi les épaves les plus importantes, celle de Kastellorizo (antique Megisti) qui se trouve près des côtes anatoliennes, entre Rhodes et Chypre, mérite d’être citée. En 1970, au cap Zapheirion, fut retrouvé un bateau commercial contenant quatre-vingt-douze plats, caractéristiques de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. Cette cargaison avait sans doute été chargée à Rhodes, comme le montrent les techniques de céramiques, et devait être destinée à la Crète ou au monde arabe.

La découverte de l’épave d’Alonissos, dans les Sporades, a révélé, en 1970, près de mille cinq cent céramiques à décor animalier, végétal et géométrique, ainsi qu’à inscriptions pseudo-arabes, en caractères coufiques. On en attribue la fabrication à un atelier de production de masse, mais de grande qualité, peut-être à Corinthe, vers le milieu du XIIe siècle.

D’autres naufrages sont simplement connus par la mise au jour de leur cargaison, dispersée ultérieurement dans le commerce d’art. C’est le cas des soixante-dix céramiques glaçurées de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle léguées par Janet Zakos (1936-2003) au Musée d’art et d’histoire. Réalisées selon les techniques du sgraffito et du champlevé, ces plats et vases, encore couverts pour certains de concrétions marines, faisaient partie de la cargaison d’un navire de commerce échoué sur la voie maritime entre Chypre et les côtes égéennes, découvert vers 1970.

Céramique dite d’Al Mina, XIIIe siècle, don Janet Zakos, © MAH, photo: B. jacot-Descombes, inv. AA 2004-183

Les décors figurant sur ces céramiques évoque souvent le règne animal (félidés, lions, lièvres, gazelles). Les oiseaux – échassiers, rapaces, canards ou encore aigles – sont largement représentés. Nombre de médaillons, ornés de motifs géométriques ou floraux, de rosaces, d’entrelacs, de volutes ou palmettes, rehaussent également ces pièces. Enfin, on trouve trois exemples de décors à figure humaine, parmi lesquels deux montrant un homme tirant à l’arc sur un dragon en forme de serpent qui évoquent un épisode de l’épopée de Digénis Akritas (Byzance, XIIe siècle).

Ces différents témoins de naufrages nous informent sur l’histoire de la navigation et du commerce, ainsi que sur les échanges culturels et artistiques entre les peuples du Proche-Orient médiéval. Les relations commerciales entre Byzance et le monde islamique étaient importantes, tout autant que l’était cette production artisanale qu’on aurait cru, sans ces informations, être destinée principalement à un usage local.

Céramiques
Empire byzantin, fin du XIIe siècle – début du XIIIe siècle
Sgraffito et champlevé
Legs Janet Zakos, Genève 2002
Inv. AA 2004-114 à AA 2004-185

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