La richesse de Byzance au MAH (III)

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La collection byzantine du Musée d’art et d’histoire est l’une des plus remarquables d’Europe occidentale. Après une présentation générale des salles et un coup de projecteur sur les miroirs, place aux bijoux.

Les bijoux et les ornements byzantins parvenus jusqu’à nous, provenant pour la plupart de trésors enfouis ou de sépultures, ne sont pas très nombreux. Il nous faut recourir aux documents figurés – la mosaïque de Saint-Vital de Ravenne en constitue l’un des exemples les plus célèbres – pour admirer tout l’éclat et la magnificence des pièces perdues, en particulier les parures impériales en usage à la cour.

Les procédés techniques du travail des métaux et les motifs sont directement empruntés à l’orfèvrerie de l’époque romaine tardive. Toutefois, l’esthétique byzantine accroît le goût pour la polychromie, exprimé non seulement par l’utilisation de pierres de couleur, de perles et de pâtes de verre, mais également par l’emploi du niellé et de l’émail.

Médaillon à chaînettes et pendeloques, or répoussé, améthyste, perles et pâte de verre, fin du Ve siècle – VIIe siècle, © MAH, photo: N. Sabato, inv. AD 6611

Pour créer des jeux d’ombre et de lumière, les orfèvres adoptent un autre procédé ornemental en usage dès la fin du IIe siècle, l’opus interrasile, lequel consiste à réaliser un décor ajouré sur une feuille de métal découpée. Nombre de pièces, telles les boucles d’oreilles en or à corps semi-circulaires, témoignent de la parfaite maîtrise de cet art jusqu’au VIIe siècle.

Boucle d’oreille en demi-lune à décor ajouré percé, or, fin du VIe – milieu du VIIe siècle, © MAH, photo: O. Zimmermann, inv. AD 7493

Du IXe au XIIe siècle, l’extrême finesse d’exécution des bijoux en émail cloisonné atteste la qualité artistique et l’extraordinaire savoir-faire atteints par les artisans byzantins. Quant au répertoire iconographique, il s’enrichit dès le IVe siècle; aux décors géométriques et végétaux s’ajoutent en effet des symboles et des thèmes chrétiens, qui deviendront rapidement prédominants.

Médaillon, or ciselé, gravé, émail opaque enfoncé cloisonné, XIe-XIIIe siècles, © MAH, photo: O. Zimmermann, inv. AD 7500

Parmi les éléments de parure byzantins, les enkolpia, connus depuis le IVe siècle, occupent une place importante. Il s’agit de pendentifs avec une iconographie chrétienne, destinés à être portés sur la poitrine. Le plus souvent en forme de croix, ils pouvaient faire office de reliquaires. Le modèle en boîtier à deux volets et muni d’une bélière se diffuse à partir des VIIIe-IXe siècles. Les pièces les plus raffinées étaient d’or émaillé ou niellé, rehaussé de pierres précieuses et de perles, les plus simples d’argent ou de bronze, gravé d’un décor rudimentaire, géométrique ou figuré. Ces dernières, retrouvées en grand nombre, témoignent assurément d’une réelle ferveur populaire.

Croix-reliquaire pectorale, bronze coulé, Xe-XIe siècles, © MAH, photo: O. Zimmermann, inv. AD 6608

Les bijoux reflétaient la richesse et le rang de leurs propriétaires. Ils n’étaient pas uniquement réservés aux femmes, mais étaient également très appréciés par les hommes, dont les bagues arboraient souvent des monogrammes complexes. Parallèlement aux productions de grand luxe, réservées à la cour de Constantinople et aux classes dirigeantes de l’Empire, des objets destinés à une clientèle plus modeste étaient confectionnés en métaux moins nobles.

Pour en savoir plus:
Le nielle: Il s’agit d’un produit à base de sulfures métalliques, dégagé par la fusion d’un mélange d’argent, de cuivre et de soufre. Chauffé, cet amalgame devient noir et donne une matière que l’on fait couler dans les creux de la gravure d’une plaque d’argent ou d’or.
L’émail: L’art consistant à faire fondre de la poudre de verre afin qu’elle cristallise sur une plaque de métal était connu depuis l’Antiquité. Dans la technique des émaux cloisonnés, de petites «cloisons» en or sont soudées sur une plaque du même métal. La poudre de verre coloré est ensuite déposée dans les compartiments ainsi créés, avant de passer l’objet au feu.

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