Tuile (ou brique ?), fragment

Époque gallo-romaine
Couleurs
Œuvre non exposée actuellement

Description

Tuile (ou brique ?), fragment

Datation
Époque gallo-romaine
Dimensions
long.: 11.5 cm
larg.: 11.3 cm
ép.: 2.5 cm
Matériaux
Terre cuite, moulée à la main, marquée avant cuisson
Numéro d'inventaire
022626

Description
Malgré la petite taille de ce fragment de matériau en terre cuite marqué de la lettre R, on peut affirmer qu'il ne s'agissait selon toute vraisemblance pas d'une brique, mais d'une tuile plate (tegula), principal support sur lequel on retrouve de telles marques digitées. Ce type de marques est ainsi qualifié car les divers signes recensés - (demi-)cercles simples ou multiples, boucles ou lignes ondulées, plus rarement une lettre de l’alphabet - sont majoritairement tracés intentionnellement près du bord avant de la tuile après son démoulage, dans l’argile meuble, à l’aide d’un ou de plusieurs doigts. Moins documentées, plus discrètes et énigmatiques que les estampilles de fabrique, ces marques seraient liées à la chaîne opératoire d’un atelier de production et servaient probablement au décompte des pièces produites par chaque tâcheron (ouvrier tuilier-mouleur). On ne saurait cependant préciser lesquelles étaient apposées par ce dernier ou par le contremaître. L’inscription récurrente d’un R (abréviation de « Recognitum », « Vu », ou de « Recte », « Bien ») témoignerait du contrôle des pièces effectué par un responsable. Si cet élément de construction a été conservé, c'est grâce à la présence de l'inscription bien lisible qu'il porte ; il est possible que son caractère fragmentaire ne soit dû qu'à la volonté de ses découvreurs de ne conserver que la seule partie intéressante à leurs yeux. Les matériaux en terre cuite, produits en masse, ont en effet longtemps été négligés par les chercheurs. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, on ne conservait souvent des tuiles romaines que les parties portant une marque - estampille ou marque de fabrique digitée -, parfois même découpées à cet effet. Lors de la destruction d’anciens édifices, les éléments architecturaux en argile, jugés banals, ont rarement été préservés. Les questions d’ateliers et de marques ont ainsi été davantage exploités que l’étude de la mise en œuvre des matériaux dans la construction. Ce n’est que récemment que son parues des études monographiques sur le sujet, ouvrant des perspectives économiques, politiques et stylistiques. Aujourd’hui, on veille à conserver tous les fragments de tuiles représentatives d’un édifice, ce qui permet d’en restituer le module, démarche nécessaire pour percevoir des évolutions. L’usage des matériaux de construction en terre cuite est introduit en Gaule avant la conquête romaine, vers 150-120 av. J.-C. La diffusion des terres cuites architecturales dans l’Empire romain est toutefois favorisée par la progression des légions. Celles-ci sont accompagnées de maîtres-tuiliers, chargés d’assurer la couverture des bâtiments de l’armée. Au gré de la romanisation, des ateliers de tuiliers indigènes voient le jour, implantés dans les régions riches en argile. De taille modeste, ils sont principalement exploités par les propriétaires de domaines fonciers (villae), aux abords des agglomérations. Le transport de ces matériaux pondéreux est cher, chaque officine ne commercialise donc ses produits que sur un territoire limité, à destination de bâtiments publics ou privés. Dans les tuileries et briqueteries gallo-romaines, les pièces, extraites du moule en bois qui a servi à façonner l’argile crue, sont lissées puis mises à sécher à l’air libre, d’abord à plat sur un sol sablé, abritées de la pluie et du soleil par un toit. Ce séchage lent est destiné à éviter aux matériaux de construction de se fendre ensuite à la cuisson. Cette étape cruciale de dessiccation étant liée aux conditions météorologiques, l’activité des ateliers de production de matériaux en terre cuite restera saisonnière jusqu’à l'invention du séchage artificiel permettant de réguler précisément tous les paramètres nécessaires. C'est alors que les matériaux de construction se trouvent sur cette aire de séchage dépourvue de cloison qu'ils peuvent recevoir, notamment, diverses marques intentionnelles, estampilles de fabrique et marques digitées.

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Collection(s)
Archéologie classique
Mobilier et architecture
Période
Antiquité
Inscriptions
inscription, tracée au doigt, sur la face : R

Bibliographie

Bibliographie

Charlier, Fabrice, "La pratique de l'écriture dans les tuileries gallo-romaines", Gallia - Archéologie de la France antique, Paris, CNRS éditions, 2004, Dossier : L'écriture dans la société gallo-romaine, 61, p. 67-102, p. 77

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