Description
Triptyque du couvent de Mariastein
Lors des célébrations liturgiques, en particulier celles de Pâques, le triptyque est ouvert : apparaissent alors la Crucifixion sur le panneau central et des saints sur les volets (saint Georges et saint Martin à gauche, saint Augustin en évêque et saint Antoine à droite) . Le Christ sur la croix est flanqué, d'un côté, de saint Jean, de la Vierge et de deux saintes Femmes et, de l'autre, de dignitaires juifs et de soldats. La Vierge s'évanouissant de douleur est soutenue par saint Jean et une des saintes Femmes. Ce motif reprend le thème de la Mater dolorosa, la Vierge de Douleur, qui se répand d'abord dans la peinture du Haut-Rhin durant la seconde moitié du XIVe siècle puis plus largement. La représentation de la Mater dolorosa s'inspire des Plaintes de Marie, textes de dialogues apparaissant à la fin du XIIIe siècle et exprimant la peine de Marie lors de la Passion. Ces Plaintes sont parfois intégrées dans les jeux liturgiques de la Passion, joués dans les églises ou sur leur parvis et dans lesquels Marie se distingue souvent par de grands gestes expressifs. Dans ces dialogues, la douleur physique de la Vierge est en effet dramatisée : elle enlace le Christ, embrasse les plaies, tombe sur le tombeau ou s'évanouit. Saint Jean y joue un rôle de plus en plus important, celui du consolateur, comme sur le triptyque où saint Jean retient Marie, défaillante et les bras ballants, tandis qu'il regarde le Christ.
Ce retable provient très probablement du couvent de Mariastein, situé dans le canton de Soleure et lié à Bâle au cours du Moyen Âge. En effet, après un incendie en 1464 qui détruisit la chapelle et la maison des moines, le couvent est confié aux Augustins de Bâle, qui reconstruisent tous les édifices. C'est vraisemblablement à cette occasion qu'ils ont emporté avec eux cet ancien triptyque, peint dans les années 1420 dans un style caractéristique du Haut-Rhin et proche d'autres oeuvres bâloises.
PLUS D’INFORMATIONS SUR L’OEUVRE
Bibliographie
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