Stèle funéraire

1er s.
Couleurs
CETTE ŒUVRE EST EXPOSÉE AU Musée d'art et d'histoire

Description

Stèle funéraire
Titre
Stèle de Nâbastet

Datation
1er s.
Lieu de création
Tell el-Maskhouta
Dimensions
haut.: 27.7 cm
larg.: 16 cm
prof.: 6.5 cm
poids: 4.560 kg
Matériaux
Calcaire, sculpté, décor en relief dans le creux partiellement poli, inscriptions en creux, traces de peinture de couleur ocre rouge et bleue, ligne préparatoire verticale gravée légèrement au centre. Forme : stèle cintrée
Mention obligatoire
MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève. Achat, 2009
Numéro d'inventaire
A 2009-0002

Description
Cette stèle cintrée fut découverte dans les ruines du temple d'Atoum de Pithom à Tell el-Maskhouta. Elle se divise en deux parties. Dans le tiers supérieur est gravée une scène figurée où la défunte, Nâbastet "qu'a mise au monde Ounher", se tient en adoration devant Osiris et Isis. Entre les divinités et la défunte, des pains, des fleurs de lotus et une aiguière déversant une libation en direction des dieux sont posés sur un guéridon d'offrandes. La partie inférieure est inscrite d'un texte de neuf lignes en démotique. C'est une invocation à l'âme-ba de Nâbastet.Cette stèle est datée du début de la domination romaine sur l'Égypte. Inscrite en démotique, sa provenance évoque les grandes pages de l'égyptologie genevoise. Peu après le percement de l'isthme de Suez, on entreprit le creusement d'un important canal reliant le Caire à Ismaïlia. Félix Paponot (1835-1897), ingénieur général en charge de ces travaux, établit sa somptueuse villa à proximité de cette cité du Delta oriental. En embellissant et agrandissant ses jardins, il eut la bonne fortune de découvrir plusieurs statues et documents pharaoniques. Les plus importants d'entre eux allèrent orner les avenues et places d'Ismaïlia, tandis qu'il conservait par-devers lui des objets de plus petites dimensions qu'il rapporta en France à la fin de son mandat. Félix Paponot ne se doutait alors pas qu'il s'était installé au-dessus des ruines du temple d'Atoum de Pithom, qui n'avait pas encore été identifié. Quelques années plus tard, en 1883, des fouilles archéologiques eurent lieu autour, et sans doute dans les jardins de l'ingénieur. Elles étaient dirigées par l'éminent égyptologue genevois Édouard Naville (1844-1926), mandaté par l'Egypt Exploration Fund de Londres. Il accomplissait sur ce site ses premiers pas d'archéologue, prélude d'une brillante carrière qui lui permettra d'explorer par la suite d'autres localités du Delta, puis de la Haute Égypte. Les deux hommes furent en contact, puisque Naville reçut de Paponot les estampages de quelques monuments qu'il édita dans la publication finale de ses fouilles, même si la stèle acquise par le Musée d'art et d'histoire ne figure pas au nombre de ces documents. Le cintre de la stèle est surmonté de l'image du ciel, que soutiennent à chaque extrémité deux piliers (est et ouest) qui reposent sur une langue de terre. Dans ce microcosme, une défunte, debout à droite, lève ses deux bras en adoration face à deux divinités. Les légendes hiéroglyphiques l'identifient comme l'« Osiris [i. e. : la défunte] Nâbastet, née de Ounher ». Devant elle, un guéridon sur lequel sont disposés des pains, une aiguière d'où s'écoule une libation en direction des dieux et un bouquet composé de trois lotus (deux fleurs en bouton flanquent une corolle épanouie). Osiris est assis face à elle, les bras croisés sans ses sceptres régaliens. Le texte inscrit devant lui, la couronne et la barbe postiche n'en sont pas moins caractéristiques. Osiris est suivi d'Isis, debout, qui esquisse un geste de protection de sa main gauche dirigée contre l'épaule de son époux. Sa tête est surmontée de la coiffe en forme de vautour, insigne des déesses-mères, et de l'hiéroglyphe du trône qui écrit son nom. Le corps de la stèle est constitué de neuf lignes en écriture démotique, avec quelques graphies particulières. Ce texte comprend une invocation à l'âme-ba de la défunte, mais aussi plusieurs formules originales qui rendent malaisée la compréhension de certains passages, difficultés accentuée par le manque de parallèles provenant de la même région. Curieusement, le démotique n'est pratiquement pas représenté dans les collections du Musée d'art et d'histoire, à l'exception d'une souscription (étiquette) sur le papyrus Minutoli (Livre des Morts), de bandelettes de momie sur lin, et d'un ostracon (comptabilité). Cette stèle complète ainsi le panorama des écritures développées par les anciens Égyptiens par un modèle soigné du dernier état de la langue autochtone, avant le passage au christianisme et l'adoption de l'alphabet grec pour écrire le copte.

PLUS D’INFORMATIONS SUR L’OEUVRE

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Collection(s)
Egypte et Nubie
Mobilier et architecture
Période
Antiquité
Inscriptions
inscription; indication sur le personnage représenté, gravée, dans le cintre au centre, au-dessus du dieu, 2 petites colonnes, inscription hiéroglyphique, lecture de droite à gauche, légende du dieu, trad. V. Laurent et G. Widmer : Paroles dites par Osiris
inscription; indication sur le personnage représenté, gravée, dans le cintre à droite, au-dessus de la table d'offrandes et de la défunte, 5 petites colonnes, inscription hiéroglyphique, lecture de gauche à droite, légende de la défunte, trad. V. Laurent et G. Widmer : Paroles dites par Nâbastet, qu'a mise au monde Ounher
inscription, gravée, dans la partie inférieure, 9 lignes, inscription démotique, lecture de droite à gauche, trad. V. Laurent et G. Widmer : 1) Que vive l'âme de Ta [...] (qu'a) mise au monde 2) Ounher. Que son nom soit loué pour toujours et à jamais ! 3) Qu'elle puisse accéder au lieu où se trouve Osiris le grand, Ounnefer. Qu'on lui dise : 4) "Elle est louée !" (dans) le temple (?) d'Atoum (?) (ou du grand magistrat (?)) dans Héliopolis. 5) Qu'elle accède à la Terre sacrée d'Osiris (?), qui est à la tête de l'Occident (?), 6) le grand dieu, seigneur d'Abydos [...] Osiris [...] dans (?) la demeure 7) d'Atoum (?) pour toujours et à jamais. Ô l'excellente efficiente, il est (?) 8) loué, le grand Shay (Psaïs), [il est (?)] loué celui (?) 9) qui a fait ces écrits (?).

Bibliographie

Bibliographie

Cassin Barbara (dir.), Ducimetière Nicolas (dir.), Les routes de la traduction. Babel à Genève, [Exposition, Cologny (Genève, Suisse), Fondation Martin Bodmer, les Routes de la traduction. Babel à Genève, du 11.11.2017 à 25.03.2018], Paris, Genève, Gallimard, Fondation M. Bodmer, 2017, p. 54, repr. coul., n° 19

Laurent, Véronique et Ghislaine Widmer, Une stèle démotique anciennement découverte à Tell el-Maskhouta (Genève, Musée d'art et d'histoire, inv. A 2009-2), dans Bulletin de la Société d'Égyptologie, Genève, 29, 2013., pp. 77-92, pp. 80, 82, 85, fig. 1-3

Une stèle démotique intègre les collections d'archéologie, dans MAHG des Musées d'art et d'histoire de Genève, février-avril 2010, 2010,, 27

Chappaz Jean-Luc, Enrichissements des collections égyptiennes et nubiennes en 2009, Genava, n.s., t. 58, 2010, p. 211-214, p. 211-213, fig. 3, repr. couleur

Christie's, Antiquities, Tuesday 27 October 2009. Londres, 2009., pp. 34-35, n° 99

Expositions

Les routes de la traduction. Babel à Genève, Cologny, Fondation Martin Bodmer, 11.11.2017 - 25.03.2018
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