Ce papyrus fut décrit pour la première fois par Jean-François Champollion en 1826, dans le premier « catalogue scientifique » des collections égyptologiques genevoises. La vignette représente un homme debout, à droite, en adoration devant le dieu Sokar, assis sur un trône. Entre les deux acteurs se dresse un guéridon chargé d'offrandes, avec deux laitues stylisées de part et d'autre du pied. Le dieu Sokar, momie à tête de faucon, préside aux nécropoles et est l'une des importantes divinités funéraires de l'ancienne Égypte. Il tient en main les sceptres royaux. Son siège est placé sur un socle, sur le côté duquel ont été tracées quatre figures en rouge (couleur qui signifie l'exécration). Elles représentent, dans un style très proche de leur image hiéroglyphique, des ennemis agenouillés, les mains liées dans le dos. Leurs corps sont traversés par des couteaux (dessinés en noir) et du sang s'écoule de leurs têtes. Par la magie de l'image, on pensait ainsi maîtriser le désordre que tout ennemi peut provoquer dans l'univers pharaonique, tant auprès des vivants que des défunts. Le texte recopié à gauche, en écriture hiératique, contient un extrait du Livre des Morts : le chapitre 23 (relatif au rituel de l'Ouverture de la Bouche, destiné à redonner ses facultés vitales au défunt). Ce chapitre est suivi d'une formule originale pour disposer d'offrandes funéraires. La partie supérieure de ce papyrus est conservée au Musée de Berlin (inv. : P. Berlin 3011) ; elle provient des collections de l'explorateur Minutoli (1772-1846), d'origine genevoise ! Les deux fragments réunis permettent de préciser l'identité du propriétaire du papyrus : « le prêtre pur d'Amon-Rê roi des dieux Khonsoumaâ, fils du prêtre pur d'Amon-Rê roi des dieux Djedkhonsou ».