Initiée par les membres de la famille Huaud, réfugiés français protestants installés à Genève en 1630, l’Ecole genevoise d’émail peint se développe au sein de la Fabrique en s’appliquant au décor des montres, bijoux et autres bibelots ou objets de vertu. Les portraits miniatures se distinguent des scènes de genre et des paysages de la production industrielle par les signatures connues de leurs auteurs, formés aussi bien à Genève que dans les meilleurs ateliers européens. Dès le début du 17e siècle, la présence des artistes de la Cité auprès de l’aristocratie de nombreux pays témoigne de la qualité du savoir-faire genevois et du talent de ses peintres et chimistes des couleurs.L’adoption de la Réforme à Genève (1536) transforme la cité en ville du Refuge huguenot. Parmi les protestants qui affluent, des émailleurs, des horlogers et des orfèvres intègrent l’industrie locale naissante. Pierre I Huault s’y établit en 1630 et accomplit un apprentissage d’orfèvre. Héritier de la tradition d’émaillerie développée à Blois, il est à l’origine de l’étroite collaboration entre les horlogers et les émailleurs de Genève dont la présente montre est un bel exemple. Les décors créés et signés par les Huault père et fils provoquent l’envol de la réputation des ateliers genevois : le boîtier de forme «bassine» permet au décor émaillé de se dérouler, du médaillon posé en fond de boîte, aux deux ou quatre cartouches ainsi qu’à l’intérieur de la boîte par un contre-émail également peint. Décor floral et portraits historicoreligieux sont les sujets de prédilection des peintres sur émail, inspirés par les artistes en vogue tel Simon Vouet. Ces riches boîtiers sont appréciés par les plus fameux horlogers européens, qui y logent leurs mécanismes gravés et ciselés.