La Réforme, d’abord assez favorablement accueillie partout en Europe, provoque avant le milieu du XVIe siècle une réaction religieuse et politique vive : des vagues de réfugiés affluent vers les républiques protestantes. Genève accueille ses coreligionnaires bannis d’Italie, de France et d’Angleterre. Les collections publiques genevoises conservent une montre, de fabrication probablement française, dont la légende raconte qu’elle aurait été abandonnée dans la Cité de Calvin par Pierre de la Baume, dernière Evêque de Genève. L’histoire locale cultive les témoins, réels ou imaginés, liés à des évènements: telle la montre en forme d’œuf « que l’Evêque Pierre de la Baume oublia en s’enfuyant de Genève en 1533 » (inv. G 164), la bague dite « de la Mère Royaume » (inv. G 586), figure incontournable de l’Escalade de 1602 ou encore une montre en bois (inv. N 863) qui aurait appartenu au célèbre philosophe genevois Jean Jacques Rousseau (1712-1778). Les attributions donnent souvent lieu à des disputes. Ainsi une lettre d'Eugène Jaquet - conservateur du musée de l'école d'horlogerie de Genève - à Waldemar Deonna, directeur du Musée d'art et d'histoire, datée de 1941, dit: "Georges Hantz, s. e. avait prétendu que c'était une erreur de supposer que cette pièce était celle que l'Évêque Pierre de la Baume avait oublié en s'enfuyant, il se basait sur le fait que les armoiries gravées à l'intérieur du couvercle n'étaient pas celles de Pierre de la Baume. A mon humble avis, ceci ne prouve rien". (copie dans le registre archéologique Renaissance, lettre G)