En octobre 1905, au Salon d'automne au Grand-Palais, un scandale éclate. Lasalle VII, qui réunit les oeuvres de Henri Matisse, André Derain, Maurice de Vlaminck..., suscite de vives réactions. L'un des critiques, Louis Vauxcelles, prononce ces mots : «au centre de la salle, un torse d'enfant et un petit buste en marbre d'Albert Marque, qui modèle avec une science délicate. La candeur de ces bustes surprend au milieu de l'orgie des tons purs: Donatello parmi les fauves.» Le fauvisme est né. En réalité, le propos des exposants de la salle VII n'est pas de manifester la naissance d'une nouvelle école mais plutôt d'exprimer des liens de connivence. Ils se rejoignent en effet dans un mouvement de remise en question de leurs prédécesseurs, de recherche d'une expression nouvelle, et aspirent à la libération de la couleur, à une spontanéité du geste, tout en refusant l'évocation réaliste de la nature. En 1907 déjà, la fin du fauvisme se profile. Vlaminck (Paris, 1876 - Rueil-La-Gadelière, 1958), l'un des peintres les plus engagés dans cette démarche, prend alors d'autres chemins, certainement inspiré par l'exposition consacrée à Paul Cézanne, s'éloignant quelque peu de cette rage colorée de sa période fauve pour parvenirà une composition plus structurée, à une touche moins gestuelle et moins spontanée. "La Maison de Chatou" témoigne de ce moment de confluence entre la période fauve et les nouvelles perspectives qui se dessinent. Un rideau d'arbres entoure de façon presque théâtrale la maison, comme lovée dans la végétation. La construction de lacomposition est rigoureuse, latouche épaisse, nerveuse, et les couleurs intenses semblent parfois encore sorties du tube pour être appliquées directement sur la toile.