Deux dessins dans le style siâh qalam (سیاه قلم : dessin au pinceau à l’ancre noir) présentent deux sujets distincts : à gauche un jeune homme agenouillé au milieu de la végétation. L’image semble coupée, peut-être dû au montage des deux dessins. Les joues et les lèvres sont teintées de rouge. Le turban ressemble bien aux turbans muzaffaride décrit par S. Canby comme « bonnet central, avec un renflement de tissu sur un côté de la tête avec une frange de fuite étroite débordant des plis ». La végétation est bien variée ; il y a des arbres, des plantes aux allures plumes et des fleurs au bout de longue tiges fines. Le second sujet à droite, représente des Kylins, des animaux composites de la mythologie chinois. Il possède les caractéristiques de plusieurs animaux comme le cerf ou le cheval, possède un pelage ou des écailles, ou même des cornes. Introduit grâce aux Il-khans (ایلخانیان :1256-1335), l’art chinois est devenu une grande source d’inspiration pour les artistes iraniens. Ici, quatre animaux se côtoient, similaire dans la forme et le style mais dans des mises en scènes différentes. Cela laisse penser à des dessins préparatoires ou des dessins d’études, très pratiqué avant de passer à l’œuvre final. Des taches et des traces rouges parsemant aléatoirement le dessin montrent en effet l’une des techniques de transfère du dessin avec la poudre de charbon rouge. L’une des multiples apparitions de ces kylins est visible sur un plat iranien du XVIIe siècle, aujourd’hui conservé au Musée Ariana à Genève (AR 1997-152). (Texte écrit sous la direction de Negar Habibi, chargée d'enseignement des arts de l'Islam, Université de Genève)