Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs du ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs de l'enfer où, vaincu, tu rêves en silence !

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Description

Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs du ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs de l'enfer où, vaincu, tu rêves en silence !

Auteur(s)
Datation
1891
Dimensions
feuille: 211 x 156 mm
Matériaux
Reproduction photomécanique (procédé Evely) sur vélin teinté
Mention obligatoire
MAH Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève. Achat, 1969
Numéro d'inventaire
E 97-0003-008

Description
LES LITANIES DE SATAN Ô toi, le plus savant et le plus beau des Anges, Dieu trahi par le sort et privé de louanges, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Ô Prince de l’exil, à qui l’on a fait tort, Et qui, vaincu, toujours te redresses plus fort, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui sais tout, grand roi des choses souterraines, Guérisseur familier des angoisses humaines, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui, même aux lépreux, aux parias maudits, Enseignes par l’amour le goût du Paradis, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Ô toi qui de la Mort, ta vieille et forte amante, Engendras l’Espérance, — une folle charmante ! Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui fais au proscrit ce regard calme et haut Qui damne tout un peuple autour d’un échafaud, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui sais en quels coins des terres envieuses Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi dont l’œil clair connaît les profonds arsenaux Où dort enseveli le peuple des métaux, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi dont la large main cache les précipices Au somnambule errant au bord des édifices, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui, magiquement, assouplis les vieux os De l’ivrogne attardé foulé par les chevaux, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui, pour consoler l’homme frêle qui souffre, Nous appris à mêler le salpêtre et le soufre, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui poses ta marque, ô complice subtil, Sur le front du Crésus impitoyable et vil, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Toi qui mets dans les yeux et dans le cœur des filles Le culte de la plaie et l’amour des guenilles, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Bâton des exilés, lampe des inventeurs, Confesseur des pendus et des conspirateurs, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! Père adoptif de ceux qu’en sa noire colère Du paradis terrestre a chassés Dieu le Père, Ô Satan, prends pitié de ma longue misère ! PRIÈRE Gloire et louange à toi, Satan, dans les hauteurs Du Ciel, où tu régnas, et dans les profondeurs De l’Enfer, où, vaincu, tu rêves en silence ! Fais que mon âme un jour, sous l’Arbre de Science, Près de toi se repose, à l’heure où sur ton front Comme un Temple nouveau ses rameaux s’épandront ! Charles Baudelaire, 'Les Fleurs du mal', dans: "Œuvres complètes", Paris, Michel Lévy Frères, 1868, vol. 1, pp. 332-335

PLUS D’INFORMATIONS SUR L’OEUVRE

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Collection(s)
Estampes
Date d'édition
1891
Date de création de l'objet modèle
1890
Autres titres
Titre de la série : Les Fleurs du Mal. Interprétations par Odilon Redon
Lieu d'édition
Bruxelles

Bibliographie

Bibliographie

Mellerio, André, Hyman, Alan (éd.), Odilon Redon. Les Estampes - The Graphic Work. Catalogue raisonné, San Francisco, Alan Wofsy Fine Arts, 2001, pp. 426-427, n° 205, repr. n/b

Expositions

Précieuse réserve, Genève, Musée d'art et d'histoire, salles 421 à 424, 03.06.2023 - 01.10.2023

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