Ce couvre-lit alterne des carrés de dentelle et des carrés de toile de lin brodée, travaillés séparément, puis cousus ensemble. Les motifs pleins de la dentelle, en particulier les vêtements des personnages, sont exécutés en relief avec une maîtrise parfaite. De même, les sujets brodés en ajour font preuve d’un savoir-faire remarquable. Exceptionnel par sa qualité artistique, cet ouvrage l’est aussi dans l’histoire de l’art dentellier. Il fait partie en effet des premières dentelles figuratives. Toutes les scènes sont tirées de l’Ancien Testament : le cycle d’Adam et Éve, l’histoire d’Esther, Tobie, Suzanne, David et Goliath, l’hospitalité d’Abraham ou encore le sacrifice d’Isaac. Ces scènes réparties sur toute la surface du couvre-lit sont associées à des éléments décoratifs. Des armoiries figurent aux quatre coins, dont celles de Castille et du Léon. Une frise en dentelle aux motifs de fontaines et d'oiseaux borde le tout. Il s’apparente au couvre-lit à l’effigie d’Albert et d’Isabelle, offert à Bruxelles en 1599 à l’occasion de leur mariage et de leur intronisation comme archiducs de Brabant (Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles, inv. D.2543.00). L'intégration de scènes, la composition et la finesse de l'exécution les distinguent tous deux au sein de la production dentellière de la fin du XVIe siècle. On relève toutefois quelques petites différences entre eux : la pièce prestigieuse au musée bruxellois est composée uniquement de carrés en dentelle (120 petits carrés) et les scènes illustrent un cortège fastueux comme ceux pratiqués alors à Bruxelles, dit "Ommergang", aux éléments tant religieux que profanes. Néanmoins, le couvre-lit de Genève, réalisé en Flandre ou en Brabant dans les mêmes années et orné des armes de Castille et de Léon, semble bien avoir été destiné aussi aux archiducs Albert et Isabelle.