Description
Clavecin
La présence d’un clavecin dans un salon cossu du XVIIIe siècle est très courante, cependant, rares sont les instruments d’époque à être parvenus jusqu’à nous, particulièrement les exemples français. En effet, le clavecin a souffert de sa réputation aristocratique
à la Révolution et l’on en a alors brûlé beaucoup. Celui-ci est d’autant plus précieux qu’il dispose de qualités sonores extraordinaires.
Daté de 1777, il est l’œuvre de Jacob Stirnemann, comme en atteste l’inscription au-dessus du clavier. Actif à Lyon, ce facteur né en Suisse, plus précisément en Argovie, effectue son apprentissage en Alsace et s’illustre dans un premier temps dans la restauration d’orgues. Son origine explique sans doute qu’il associe, dans sa facture, des éléments très français et d’autres empruntés à l’Allemagne du Sud, comme le dispositif intitulé dogleg qui permet de coupler les deux claviers. Quand l’interprète en actionne les touches, des sautereaux, pièces de bois en haut desquelles est fixé un petit bec fait de plume de corbeau, viennent pincer les cordes métalliques. Doté de cinq octaves, l‘instrument possède plusieurs jeux, c’est-à-dire des rangées de cordes, qui peuvent être accouplés ou joués seuls, ce qui multiplie les possibilités harmoniques et les couleurs sonores.
Le décor sur fond doré est composé de guirlan- des de fleurs, de feuilles d’acanthes, de grotesques et d’angelots tenant des médaillons ornés d’instruments de musique et de partition. Cependant, il est sans doute plus tardif. À sa création, il devait être plus sobre et sur un fond foncé. C’est à l’intérieur que se cachent les éléments d’origine qui sont les plus déli- cats : peinture dans le couvercle représentant, dans un style galant, une jeune fille préparée pour ses noces et fleurs parsemant la table d’harmonie, sous les cordes. Des secrets à découvrir, de même que la richesse du son, lors d’un des concerts régulièrement organisés avec la Fondation de la Ménestrandie, propriétaire du clavecin.
PLUS D’INFORMATIONS SUR L’OEUVRE
Bibliographie
Jacques Deferne, "Autour d'un clavecin ancien", dans Musées de Genève, n° 340, 1996., pp. 9-11