Cette inscription, connue à Genève dès le second quart du XVIe siècle, se trouvait, depuis 1188, encastrée "dans le contrefort de l'abside du chœur, face nord à côté de la Chapelle de Portugal" (cf. H. J. Gosse dans le registre d'entrée) ou "dans un contrefort du côté de l'est de l'abside (...), en face de la prison de l'Evêché" (cf. E. Dunant en 1909, reprenant les indications d'auteurs plus anciens), d'où elle fut extraite le 23 septembre 1899. Titus Riccius Fronto était inscrit dans la tribu Voltinia qui est celle des citoyens romains de Vienne. Sa carrière se limite une magistrature, celle de responsable des finances de la cité. Elle s’arrête brutalement ensuite, peut-être en raison de sa mort prématurée. Cette inscription n’était pas l’épitaphe de Fronto, mais un monument commémoratif, sans doute une statue érigée à Genève. En effet, la véritable épitaphe de Fronto a été découverte au XVIIIe s. en France voisine, dans la commune d’Allinges (EPI 0106, présentée en salle d'archéologie régionale). Sa famille possédait probablement un domaine à cet endroit. On sait grâce à cette seconde inscription que Fronto avait un frère appelé Quintus Riccius Fidus. D’autres membres de la famille des Riccii apparaissent dans une autre inscription du lapidaire trouvée dans le quartier de la Madeleine, à Genève (voir EPI 0535 et EPI 0535 bis). Titus Riccius Fronto, magistrat en charge des finances de la Cité de Vienne - dont dépend Genève - et illustre descendant de la famille aristocratique allobroge des Ricii, documentée par des inscriptions antiques découvertes à Genève (voir également EPI 0535) et en Haute Savoie (voir EPI 0106, présentée en salle d'archéologie régionale), serait-il le propriétaire du domaine antique du Parc de La Grange ? L'hypothèse formulée en 1922 par Louis Blondel repose sur l'idée que le cognomen Fronto soit à l'origine de la dénomination contemporaine de Frontenex, attestée depuis 1306. (texte rédigé pour la Nuit antique 2015 par M. Christophe Schmidt Heidenreich, chargé d'enseignement en histoire ancienne et responsable du séminaire d'épigraphie latine à l'Université de Genève)