Quel autre artiste que Rembrandt s’est aussi profondément plongé dans la Bible protestante ? Il a réalisé des milliers d’œuvres tirées des Ancien et Nouveau Testaments, dont 89 gravures. L’exposition Rembrandt et la Bible. Gravure divine, qui se déroule au MIR du 30 novembre 2023 au 7 avril 2024, présente 61 des gravures du MAH, complétées de prêts du Musée Jenisch de Vevey, de la Fondation Jan Krugier et de la Zentralbibliothek de Zurich.
La ville d’Amsterdam dans laquelle évolue Rembrandt est cosmopolite et tolérante ; même si depuis 1578, son gouvernement se compose en majorité de membres de l’Église réformée. Si l’Union d’Utrecht de 1579 garantit la liberté de conscience dans les Provinces-Unies, elle n’accorde la liberté de culte qu’à l’Église calviniste ; les fidèles d’autres religions pratiquent en privé.
À Amsterdam, la moitié de la population adhère à l’Église réformée. L’autre moitié regroupe catholiques (20 %), luthériens (15 %), juifs (10 %) et des membres de divers courants protestants, comme les mennonites (5 %).
Rembrandt n’est pas affilié officiellement à l’Église réformée mais en suit les services et certaines pratiques. Les pasteurs calvinistes Jan Cornelis Sylvius (1564-1638) et son fils Petrus (1610-1653), sont des cousins de son épouse Saskia. Il a aussi des contacts avec des membres de divers courants protestants, comme le pasteur remontrant Jan Uytenbogaert (1557-1644) ou le prêcheur mennonite Cornelis Claesz. Anslo (1592-1646). Son installation en 1639 dans la Sint Anthonis Breestraat, dite « rue des Juifs », le rapproche de cette communauté. Le rabbin Menasseh Ben Israël (1604-1657) est un de ses commanditaires.
Rembrandt est un lecteur assidu de la Bible. Il représente plusieurs fois saint Jérôme (v. 347-420), le docteur de l’Église qui en a donné une version latine, la Vulgate, d’après l’original hébreu et la version grecque. Sur la plupart de ces œuvres, le saint est plongé dans la lecture du livre saint. Sa traduction est reconnue en 1546 comme la version officielle de l’Église catholique au concile de Trente, convoqué en réaction à la Réforme protestante.
Les Réformateurs, quant à eux, entreprennent de traduire la Bible en langues vernaculaires pour la rendre accessible à tous, d’où la vision familière de femmes plongées dans sa lecture dans l’œuvre de Rembrandt. Dans les Provinces-Unies, la Statenbijbel (Bible des États) imprimée en 1637 à Leyde, est la première Bible officielle complète de l’Église réformée en langue néerlandaise.
Rembrandt, à son décès, ne possède qu’un seul livre, une Bible. Il est impossible de savoir laquelle, mais il a eu accès à une Bible hollandaise, basée sur la Vulgate, et à la Bible des États et ses commentaires.
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