Titre : Terre
Alors qu’il restaure des bronzes japonais, Jean Dunand découvre que leur patine résulte d’applications de fines couches de laque naturelle, une résine extraite des arbres à laque d’Extrême-Orient. Il sollicite dès lors les enseignements du maître Seizo Sugawara, établi à Paris. Celui-ci lui apprend en 1912 les rudiments des procédés traditionnels du laque oriental sur bois (le mot laque s’emploie au masculin pour qualifier une œuvre exécutée dans cette matière, et au féminin pour désigner la matière elle-même) : un nouveau chapitre s’ouvre dans la carrière de Dunand. Après en avoir revêtu ses dinanderies pour les protéger, l’artiste utilise bientôt cette résine végétale à des fins picturales. Soucieux de poursuivre ses recherches sur la couleur et les incrustations, il mêle à la laque des pigments végétaux en poudre, y dépose des fragments de coquille d’œuf, des feuilles d’or ou d’autres matériaux délicats. Il la grave, la sculpte en relief et étend son application sur de multiples supports, renouvelant cet art millénaire avec brio. Dans ses ateliers parisiens, le travail se déroule comme en Extrême-Orient : terres et résines sont importées d’Indochine et le personnel expert est asiatique. L’art du laque devient indissociable de la figure de Jean Dunand.