Avant-propos :

Frédéric Elsig, Victor Lopes

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Ce catalogue en ligne vise à garder la trace de l’exposition De bleu, de blanc, de rouge, conçue avec Joanna Haefeli et Philippa Kundig. Nous saisissons l’occasion pour remercier toutes les équipes du MAH ainsi que les généreux prêteurs.

Présentée du 16 mars au 8 septembre 2024, l’exposition De bleu, de blanc, de rouge marque l’aboutissement du processus de valorisation des peintures françaises du XIXe siècle (1800-1918) du MAH. Mené dans le cadre d’un partenariat fructueux entre le Musée et l’Université de Genève, ce processus s’inscrit dans une série de projets qui visent à étudier des pans aussi importants que méconnus des collections genevoises, en contribuant à former une relève en histoire de l’art et en conservation-restauration, responsabilisée face aux enjeux d’un patrimoine matériel : le catalogue des peintures flamandes et hollandaises des XVe et XVIe siècles (La naissance des genres, 2002-2005) ; celui des XVIIe et XVIIIe siècles (L’art et ses marchés, 2005-2009) ; le catalogue des peintures italiennes et espagnoles du XIVe au XVIIIe siècle (2009-2015). Dans chacun de ces projets, l’étude des collections s’articule sur une campagne de conservation-restauration. Dans un musée soucieux de transmettre un patrimoine vivant à son public et aux générations futures, elle doit toujours rester la mission première dont dépendent toutes les autres : c’est en connaissant les collections, en pouvant en identifier les points forts et les lacunes, que l’on peut déterminer des politiques de d’acquisition et d’exposition : non seulement la présentation de la collection permanente, en perpétuelle évolution, mais aussi l’organisation d’expositions temporaires, dont les emprunts à d’autres institutions, sont conditionnés par la capacité du musée à prêter ses propres œuvres qu’il s’agit donc de connaître et de faire connaître !

Dans cette dynamique, le catalogue de collection, que l’on ne saurait confondre avec le genre du guide ou de l’album (publications de divulgation centrées sur les fleurons d’une collection), constitue l’outil le plus fondamental, dont l’origine se confond avec celle du musée au milieu du XVIIIe siècle. Il procède de l’étude systématique d’un corpus et consacre à chaque œuvre une notice propre qui en établit l’identité selon l’état (nécessairement provisoire) des connaissances, en livrant de manière concise tous les aspects du dossier. Produit d’un travail d’équipe fédérant différentes compétences (l’historien de l’art, le conservateur-restaurateur ainsi que la plupart des métiers d’un musée patrimonial) et conduit sur une longue période, sa parution permet de mettre à jour l’inventaire, la base de donnée en ligne et la documentation. Elle constitue ainsi un événement important dans la vie d’une collection, généralement accompagné par une exposition permettant de révéler au public les œuvres (re)découvertes et restaurées pour l’occasion : notons que, dans ce cas, l’exposition procède du catalogue contrairement aux catalogues d’expositions temporaires.

Catalogue de collection

Figure 1 : Catalogue de collection

En l’occurrence, le catalogue des peintures françaises du XIXe siècle du MAH comprend 212 tableaux. Son corpus, dont le cadrage géo-chronologique a été défini au printemps 2020 dans un mémoire de muséologie de Joanna Haefeli en étendant la période jusqu’en 1918 et en intégrant des peintres étrangers en France (Pradier, Breslau, van Gogh, Modigliani, Picasso, etc.) et quelques peintres français actifs à Genève (Leleux, Baron, Massip, etc.), a été affiné en été 2020 à travers un dépouillement de l’inventaire et des anciens catalogues ainsi qu’un repérage physique dans les réserves du musée. Entre septembre 2020 et juin 2022, il a fait l’objet de quatre séminaires, en associant des étudiants de tous niveaux (Bachelor, Master, Doctorat) : responsable d’une ou plusieurs œuvres, chacun a débuté son enquête dans l’atelier de conservation-restauration pour les observations matérielles avant de la poursuivre dans les bibliothèques, musées et centres de documentation jusqu’au printemps 2023 pour pouvoir en consigner les résultats dans les notices du catalogue imprimé. Celui-ci, précédé par trois essais (sur le métier du peintre, sur son cadre institutionnel et sur le goût pour la peinture française dans les collections genevoises), propose une structure chronologique, propre à faire ressortir les points forts et les lacunes de la collection, tout en hiérarchisant les œuvres et en garantissant une responsabilité scientifique (ce que ne permet aucun catalogue en ligne !). Il a été publié en février 2024 par les éditions Silvana (fig. 1) pour être présenté lors de l’ouverture de l’exposition.

L’exposition, servie par la muséographie élégante de Philippa Kundig et dont ce « catalogue en ligne » vise à garder la trace (en relevant davantage du genre du guide à la visite ou de l’album d’exposition), est conçue à partir de l’automne 2022 et pensée en trois chapitres. Le premier, déployé sur les murs de la salle 415, retrace la manière dont le corpus s’est constitué au fil du temps, en évoquant une histoire des collections et du goût. Le deuxième, qui lui est lié de manière organique et dont le dispositif occupe le cœur de la même salle à travers une série de socles et vitrines, évoque le métier du peintre en France au XIXe siècle. Le troisième, aménagé dans trois cabinets (420-421-422) et qui sera visible jusqu’au 26 mai 2024, présente au public les questions de recherche et les choix de conservation-restauration conduits tout au long du processus de valorisation, en explicitant au public le plus large les enjeux propres à l’étude des collections. Entre les deux premiers chapitres et le troisième, les visiteurs sont amenés à traverser les salles de la collection permanente, dans lesquelles les tableaux français du XIXe siècle sont accompagnés d’un cartel spécifique (le temps de l’exposition temporaire), comme dans la salle 410 (fig. 2), où la Terrasse de Méric de Frédéric Bazille, prêtée par le musée du Petit Palais, rappelle l’importance des collections privées dans l’enrichissement des collections publiques.

Salle permanente

Figure 2 : Salle permanente