Les instruments du voyage

Produit par des fabricants d’instruments et de matériaux artistiques, un outillage léger et adapté aux contraintes du voyage va permettre au peintre de mémoriser sur des carnets de dessin les lieux visités et les figures rencontrées. Ces esquisses aquarellées ou dessinées au crayon, à la pierre noire ou à l’encre pourront ensuite servir à l’élaboration de scènes peintes en atelier. La chambre claire demeure l’instrument le plus efficace pour poser sur un feuillet de papier les contours d’un édifice et d’un paysage ou les traits d’un visage. Des encriers de voyage, des porte-crayons, une plume métallique ou naturelle, un nécessaire de dessin technique viennent ici compléter la panoplie du dessinateur-voyageur.

L’œil du peintre : la chambre claire ou « camera lucida »

La chambre claire ou camera lucida est mentionnée à la fin du XVIIIème et probablement fabriquée pour la première fois en France par la maison Lerebours en 1804. Le premier brevet est toutefois déposé en Angleterre en 1806 par William Hyde Wollaston. Décrit au mois d’octobre 1807 dans le Journal des Arts, des Sciences, de Littérature et de politique, cet instrument permet « de fixer sur le papier, avec la plus exacte précision, l’image de l’objet que l’on veut rendre, et de procurer ainsi à l’artiste la facilité d’en copier les détails les plus minutieux ». Cet instrument conservé dans un écrin, se compose d’un prisme, monté sur une tige en laiton polie dont la base est lestée ou fixée sur sa boîte. Parmi les fabricants français, sont ici présentés : Charles Chevalier ; Robert Moreau ; Auguste Patte et Pierre Berville. Le nombre d’opticiens produisant cet instrument confirme son usage, toutefois, le silence des dessinateurs et des peintres à son sujet semble inversement proportionnel à sa présence dans les ateliers.

L’œil du peintre : entre prisme, miroir et chambre noire

L’ensemble des instruments optiques présentés ici témoignent de l’intérêt développé par les peintres tout au long du XIXème siècle pour la perception et la retranscription du monde environnant. L’œil du peintre est soutenu dans son travail d’observation par des prismes et des miroirs, considérés depuis le XVIème siècle comme « des amis précieux qu’il est nécessaire d’interroger et dont les réponses sont toujours à respecter », complétés depuis le XVIIème siècle par des chambres noires et enfin le miroir noir, aussi appelé « miroir du Lorrain ». Son invention n’est pas datée, mais son usage est confirmé dès 1799 par le peintre de paysage Pierre Henri de Valenciennes qui en vante les mérites par rapport à la camera oscura, dont les inconvénients liés à son utilisation semblent trop importants.

Le dessin mécanique

Complétant l’outillage nécessaire au dessinateur, de nombreux instruments techniques employés pour la reproduction mécanique des images ont été conçus dès le XVIIème siècle à l’instar du pantographe. En 1804, est inventé le diagraphe, un instrument d’optique utilisant le principe de la chambre claire, mis au point par William Hyde Wollaston et perfectionné par l’ingénieur français Jacques-Dominique Gavard sous le nom de « diagraphe pantographe procédé de Gavard » (1831). Cet instrument va servir à dupliquer des tableaux de maîtres notamment. Charles Blanc écrira dans sa Grammaire des arts du dessin (1867) que « le plus fidèle de tous les dessins serait le meilleur, et dès lors aucune copie ne serait préférable à l’image […] dessinée par le diagraphe ».

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