Muséothérapie au MAH

Le musée pour soigner le cœur

Et si les musées, étaient des lieux dans lesquels on se fait du bien ? Parmi les axes de travail de l’unité des publics du MAH figure depuis peu, la notion du « Musée bien-être ». Si cette dénomination est récente, l’état d’esprit et la démarche qui en est issue accompagnent le secteur de la médiation culturelle depuis plusieurs années.

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De fait, des études toujours plus nombreuses démontrent les bienfaits du contact avec les œuvres d’art et le musée sur la santé physique ou mentale. Sortir de chez soi, bouger, oublier ses soucis, raviver un souvenir d’enfance, provoquer une réflexion, entrer en relation avec d’autres personnes ou au contraire se reconnecter avec ses émotions sont autant de choses permises par une visite de musée. Dans cette perspective de bien-être, la muséothérapie fait progressivement son chemin.

Derrière ce terme se trouve l’idée d’utiliser les collections, les expositions et les espaces du musée comme éléments dans le parcours de soins et ainsi de contribuer à l’amélioration de la santé psychique, physique et émotionnelle des participant.e.s.

Depuis 2022, une démarche de muséothérapie se construit avec le Dr Frédéric Sittarame dans le cadre du programme de réadaptation cardiaque des Hôpitaux universitaires de Genève. Le projet a commencé par des visites dans les collections du MAH avec une démarche de médiation sensible alliant vue, toucher ou encore odorat. Une fois toutes les six semaines, un groupe de 20 à 30 participant.e.s au programme de réadaptation cardiaque est accueilli au musée par une médiatrice et une partie de l’équipe de soignant.e.s du programme. Les participant.e.s., d’horizons très différents, qui ont parfois une pratique culturelle régulière, ont un point commun : avoir eu un accident cardiaque. Ils sont donc en train de traverser un moment extrême de leur vie.

La visite se déroule en plusieurs temps, dans les collections archéologiques et aux Beaux-Arts. Chaque étape mélange de la découverte des œuvres de manière sensible et des moments d’échanges. Découvrir les quatre saisons d’Alexandre Calame par le toucher, grâce à des maquettes tactiles, permet de reconnecter le regard et les mains. Associer des odeurs aux tableaux, permet d’échanger sur les souvenirs associés aux odeurs ou aux sensations que les tableaux procurent. S’immerger devant ces mêmes tableaux en écoutant différentes musiques amène encore une autre expérience personnelle et collective.

Public dans une salle du musée

Séance dans l’exposition La Genevoise
Photo: B.Jacot-Descombes

Menées par les médiatrices du musée, ces visites permettent de passer un moment agréable, hors du lieu de soins, un moment de découverte aussi, ainsi que de la détente. Le premier objectif est atteint : on se fait du bien au musée. Le musée prend du sens dans un parcours de soin.

Forts de ces premières expériences, l’équipe a souhaité aller plus loin et co-construire d’autres propositions en partant des expositions L’ordre des choses. Carte blanche à Wim Delvoye et Archéologie des fluides. Construites cette fois-ci vraiment en partenariat avec l’équipe soignante, ces nouvelles visites sont devenues multi-disciplinaires en plus d’être toujours multi-sensorielles : danse en musique autour des statues, mouvements en suivant une œuvre sculpturale de Delvoye, chant a capella dans la salle ronde Zizers! Les participant.e.s sont alors mobilisés de manière plus complète et complexe grâce à l’équipe soignante : les physiothérapeutes, Lyne Rodriguez et Périclès Magalhaes Oliveira, mènent les moments de danse, Xénia Thévoz, patiente partenaire et artiste la partie mouvement autour d’une œuvre et le Dr Frédéric Sittarame, médecin, le moment de chant et la coordination générale. Entre ces moments, des temps de discussion autour des œuvres sont proposés par la médiatrice tandis que des échanges autour de la place de ces questions dans leur parcours de vie et de soins le sont par les thérapeutes. La démarche devient concrètement de la muséothérapie avec des objectifs thérapeutiques déterminés et évalués.

Equipe des HUG lors de visite de muséothérapie

L’équipe soignante : le Dr Frédéric Sittarame, les physiothérapeutes, Lyne Rodriguez et Périclès Magalhaes Oliveira et Xénia Thévoz, patiente partenaire et artiste.
Photo: B. Jacot-Descombes

Aujourd’hui, le projet se poursuit avec de nouvelles visites sur des thèmes tels que Le corps et la gravité ou Toucher le temps du bout des doigts. Toujours créées en co-construction, elles s’enrichissent des expériences précédentes, de la confiance acquise par les un.e.s et les autres et des retours des participant.e.s. Elles se servent du musée, des expositions et des collections, mais aussi de tout le matériel sensoriel développé, pour concourir au bien-être et à la santé physique et mentale des participant.e.s. Parmi les mots qui émergent en fin de visite : échanger, chaos, découverte, prendre soin, décomplexé, privilège, équilibre ou encore liberté… tous témoignent d’un vécu intense du moment partagé.

S’inscrivant à la fois dans la dynamique de l’évolution des pratiques au sein des musées comme de celles des parcours de soins, ces propositions ouvrent de nouvelles perspectives tant muséales que médicales.

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Photo: B.Jacot-Descombes

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