Comptant quelque deux cents pièces, cet ensemble n’en constitue pas moins une infime partie des milliers d’outils de tout profil et de tout format réunis dans l’atelier parisien de la rue Hallé (14e). Un atelier que Dunand occupe à partir de 1904 et qui ne cesse de se développer au fil des activités nouvelles auxquelles l’artiste s’adonne, au gré des techniques qu’il développe. Véritable empire artisanal dans les années 1930, il se déploie alors sur quatre rues. Aux trois ateliers d’origine, qui répondent aux phases successives de l’art de la dinanderie – à savoir le travail du forgeron, celui des patines, ainsi que celui de la gravure et de la ciselure –, sont venus s’adjoindre dans l’intervalle ceux de laque et d’ébénisterie.
Recherchés avec obstination par les rares dinandiers à exercer encore ce métier (on en dénombre à ce jour une quinzaine en France) et prisés par certains collectionneurs, de tels outils demeurent cependant quasi introuvables. Ils se transmettent traditionnellement de mains d’artisans en mains d’artisans, comme en témoignent, au sein de ce corpus, les noms d’obscurs confrères portés sur plusieurs marteaux. Car pour obtenir le galbe particulier d’une pièce et ennoblir sa surface par un traitement original, l’artiste se doit de façonner une gamme d’outils idoines. Et dans ce domaine, le maître et virtuose de la dinanderie est imbattable. Il compte un nombre impressionnant d’outils fabriqués et inventés par ses soins, à l’exemple de ce tas à planer massif, marqué J. Dunand Paris. Sagement rangé sur son établi et présenté actuellement au 1er étage de la Maison Tavel aux côtés d’œuvres finies – toutes uniques et d’une remarquable qualité d’exécution –, cet échantillonnage d’outils permet de mieux appréhender ce savoir-faire complexe de la dinanderie.