Les fenêtres ouvertes et les oreilles tendues nous sommes surpris de la facilité avec laquelle les sons d’oiseaux se manifestent. La symbiose entre deux mondes, animal et humain, n’est pas mieux représenté, aujourd’hui comme hier, que par la propagation de maisons à oiseaux en milieu urbain. Pionniers en la matière, les éleveurs de l’Empire Ottoman, au courant du 18e siècle, créent des maisons pour les volatiles, imitant l’habitat humain1. Intégrées aux mosquées, quelques exemples plus anciens révèlent une connexion avec la guérison et le repos, telle la maison préservée à Sivas dans le complexe hospitalier et funéraire de Keykavus Darüşşifa (Şifaiye Medrese), datant du 13e siècle2.
D’autres exemples se trouvent dans les ménageries des Cours européennes. Les volatiles ont bénéficié d’un intérêt diversifié selon leurs attributions, les rapaces pour la chasse, la bassecour pour la cuisine, les pigeons pour la communication, et les oiseaux de compagnie pour leurs attraits sonore et esthétique. Ces derniers pouvaient recevoir un traitement préférentiel avec des volières spéciales, parfois même des cages individuelles.
Ces pratiques sont documentés par Jean-Claude Hervieux de Chanteloupe, gouverneur de serins pour la Princesse de Condé, dans son Traité sur les serins de Canarie3. L’oiseau capable d’harmoniser doit être, non seulement soigné, mais instruit. Son éducation et les différentes méthodes imaginées pour enseigner des « airs » seront un déclencheur pour la création d’objets comme la serinette, efficace auxiliaire d’apprentissage. Par ailleurs, la musicalité si prisée des oiseaux est mise à l’honneur par plusieurs musiciens qui cherchent l’imitation des chants naturels : Louis Claude Daquin compose « Le Coucou » ou Antonio Vivaldi dont le concerto « Le printemps » reproduit le chant du rouge-gorge et « Il Gardellino » imitant un chardonneret4.