Untitled #228, Cindy Sherman (1954)
Dans cet autoportrait mis en scène par Cindy Sherman (1954), l'artiste américaine explore les concepts d'identité et de genre en relation avec les conventions et les fictions de notre culture. L'objectif féministe de l'œuvre est étayé par l'histoire de l'Ancien Testament qui raconte la décapitation d'Holopherne par Judith. Le grotesque et la théâtralité excessive de l'œuvre de Sherman approfondissent et compliquent toutefois cette première lecture. L'orchestration des éléments scéniques nous fait croire à un tableau vivant, alors que la photographie de Sherman ne fait référence à aucune œuvre spécifique, mais à différents styles d'artistes du passé : nous avons vu ce thème chez Botticelli, Mantegna, Caravaggio ou Artemisia Gentileschi, entre autres, et notre mémoire nous trompe en nous faisant croire que nous les voyons tous dans cette image. L'utilisation d'éléments de costume, de maquillage et de prothèses révèle également une intention de souligner la nature artificielle de l'image.