La Maison de quartier des Avanchets propose plusieurs cours de français aux personnes allophones. Les mardis après-midi, les élèves sont invité.e.s, à travers des sorties nommées « Sorties nature, culture et intégration », à découvrir Genève et sa région. En effet, l’intégration ne passe pas que par la maîtrise de la langue, mais aussi d’un point de vue transversal par la connaissance d’un territoire, de sa culture et la découverte des lieux incontournables pour les habitant.e.s du coin. Ainsi, se promener le long du lac, s’y baigner en été (aux Bains des Pâquis, par exemple) ; voir la ville d’en haut que ce soit en montant à la Cathédrale, du sommet du Salève ou depuis le Jura ; pratiquer la luge à la Givrine ou ramasser des champignons dans les forêts de la région en automne (on ne vous en dira pas plus sur le lieu !) représentent autant d’occasions pour les apprenant.e.s d’intégrer et de réinvestir la langue. Cela passe aussi évidemment par le fait de pousser la porte des théâtres, des salles de spectacles et bien sûr des musées !
L’art de rassembler
Le musée comme lieu de partage, d’échanges, d’émotions et d’apprentissages
Depuis près de dix ans, le MAH accueille régulièrement des groupes adultes d’élèves de français en son sein pour des visites où le guide n’a pas le monopole de la parole. Au contraire, le musée et la collection deviennent prétextes à des échanges entre les personnes et l’occasion de pratiquer le français à partir de son ressenti devant les objets du musée. Ces visites sont aussi le moyen de découvrir la culture et l’histoire de Genève.
C’est ainsi que depuis la rentrée scolaire 2022-2023, une fois par mois, la sortie du mardi se fait au Musée d’art et d’histoire. Un petit groupe d’apprenant.e.s accompagné.e.s de leur enseignante, Mathilde Arnaud, est accueilli par une médiatrice culturelle pour un moment de découverte et d’échange dans les salles du MAH. Chaque mois, un nouveau pan de la collection et des expositions est exploré et mis en lien avec différents thèmes et objectifs d’apprentissages. L’année commence par la découverte du Musée (propice, par exemple, à la mise en pratique du lexique sur « se situer, indiquer et comprendre des directions »). Ensuite, au cours de l’année, le groupe est amené à s’exprimer sur les œuvres, comment elles le touchent et provoquent en lui des émotions. Finalement, au terme des dix rencontres, chacun.e choisit une œuvre qui lui parle, personnellement, et la décrit au reste du groupe, puis à un public plus large à travers la création d’un film (à voir ci-dessous).
Plusieurs activités et mises en situation permettent aux apprenant.e.s d’investir et réinvestir différentes compétences et savoirs autour de la langue par l’expérimentation. Chaque activité s’articule autour de plusieurs moments. Elle commence par la rencontre avec le musée, la médiatrice et les œuvres, au travers d’échanges volontairement plus ou moins dirigés. Elle continue avec des visites au cours desquelles les apprenant.e.s choisissent une œuvre qui les touche. Ils et elles sont ensuite amené.e.s à justifier et motiver leur choix à travers différentes activités d’interaction et de production (orale et écrite). Ce sont ainsi à la fois la compréhension, l’interaction et la production orale qui introduisent le travail, pour ensuite passer à une production écrite à travers la rédaction d’un texte (en français, bien sûr) et finalement terminer par une présentation orale devant le groupe. Pas une mince affaire pour des élèves qui débutent à peine en français, ni pour les autres d’ailleurs ! Mais la régularité des rencontres crée des liens et une relation de confiance non seulement entre les personnes, mais aussi avec le lieu qui facilite pour les apprenant.e.s l’expression en langue étrangère.
En plus de l’acquisition de nombreuses notions en français, ce sont aussi la découverte d’une culture artistique et la mise en confiance des apprenant.e.s qui font la richesse de ces moments hors des murs de la classe. Le projet permet également de concrétiser un engagement crucial pour le MAH : donner la parole à celles et ceux qui l’ont moins dans notre société et la faire entendre. En ce sens, ces présentations sont enregistrées et mises à disposition du public afin de lui offrir une approche plus émotionnelle et subjective des objets de la collection qui vient compléter celle des scientifiques, des conservateurs et des artistes. C’est donc une relation bidirectionnelle qui naît entre le musée et le groupe !
La participation culturelle étant un des objectifs d’intégration de la Confédération helvétique, ce projet s’inscrit tout à fait dans les nouvelles « Recommandations à l’intention des services d’encouragement en vue du renforcement de la participation culturelle dans la société de migration »que vous pouvez trouver ici.