Exposition Irène Zurkinden (1909-1987)

Du 1er juin au 29 septembre 2024, le Musée d’art et d’histoire de Genève présente Irène Zurkinden (1909-1987). Cette exposition permet de montrer pour la première fois au public une sélection d’un fonds de dessins inédits de cette artiste suisse, née à Bâle.

Gros plan sur une sélection d'œuvres.

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«COCAIN », vers 1929

Le style de ce dessin le situe dans les débuts de la carrière d’Irène Zurkinden, peut-être de son séjour parisien de 1929. Aspirante dessinatrice de mode, elle porte une attention particulière aux tenues, bijoux et maquillages de ses personnages. On ne distingue pas de prime abord que certains d’entre eux arborent des lettres capitales, qui, remises dans l’ordre, forment le mot « COCAIN ». Ce psychotrope était utilisé à des fins médicales à l’époque, mais était également prisé des noctambules afin de soutenir notamment le rythme endiablé du jazz joué et dansé dans les cabarets.

Portrait d'une femme vêtue de rouge

Irène Zurkinden (1909-1987)
COCAIN, vers 1929
Crayon de graphite, plume et encre noire et gouache sur papier
17,6 x 10,1 cm
© Estate Irène Zurkinden, photo: MAH

« Le prince charmant et la poésie parlée, accompagnée de musique », vers 1930

Les dessins d’Irène Zurkinden des années 1930 traduisent sa réception des sujets et de l’esthétique développés par les artistes surréalistes. André Breton (1896-1966) et ses coreligionnaires cherchent à exprimer le monde existant au-delà du visible, inspirés entre autres par les travaux de Sigmund Freud (1856-1939) sur l’inconscient. Ils usent pour cela de divers moyens, comme le jeu, l’écriture automatique, la transcription des rêves, voire les séances de spiritisme. Ce mystérieux dessin, teinté d’un humour typique de l’esprit de l’artiste, semble reprendre plusieurs motifs propres à l’univers et aux préoccupations surréalistes : la poésie, l’amour et la mort, mais aussi l’œil, ce symbole privilégié et récurrent de l’aspiration à percevoir la véritable réalité de chaque être.

Femme dans un cercueil

Le prince charmant et la poésie parlée, accompagnée de musique, vers 1930
Plume et encre noire sur papier filigrané
29,5 x 20,9 cm
© Estate Irène Zurkinden, photo: MAH

« Deux femmes regardant deux autres femmes », 1936

Essentiellement linéaire, le dessin d’Irène Zurkinden se prête aussi bien à la description précise et réaliste d’un motif qu’à l’expression de motifs fantaisistes ou imaginaires. Cette feuille montre, avec une expressivité à la limite de la caricature, un duo composé d’une figure filiforme et d’une autre voluptueuse se retournant pour regarder un couple similaire à l’arrière-plan. Attirée autant par les hommes que par les femmes, Irène Zurkinden porte sur ses partenaires un regard désinhibé, assumant ses désirs avec une grande liberté. La figure de gauche, avec ses formes discrètes, ses yeux marqués et son menton ovale, n’est pas sans rappeler Meret Oppenheim (1913-1985), dont Irène Zurkinden, aux formes plus marquées, restera très proche toute sa vie.

Dessin représentant deux femmes avec chapeaux

Irène Zurkinden (1909-1987)
Deux femmes regardant deux autres femmes, 1936
Plume et encre noire sur papier
21 x 25,7 cm
© Estate Irène Zurkinden, photo: MAH

« MAN RAY je pense à vous ! », 1936

Irène Zurkinden remplit de nombreux carnets tout au long de sa vie, y couchant indifféremment croquis et pensées. Celui-ci est largement consacré à des portraits de Kurt Fenster, son compagnon et père de ses deux fils, mais présente aussi cet « aveu » des pensées dirigées vers Man Ray (pseudonyme d’Emmanuel Radnitsky, 1890-1976), qu’elle avait rencontré dès son premier séjour à Paris en 1929.

Irène Zurkinden fait ici allusion à la célèbre bouche représentée dans À l’heure de l’observatoire, les amoureux, par Man Ray (1934), dont l’huile sur toile se trouve aujourd’hui conservée en collection particulière. Ce dernier y représente à une échelle monumentale les lèvres rouges de son ancienne compagne, la photographe et modèle Lee Miller (1907-1977), flottant dans le ciel au-dessus de l’Observatoire de Paris.

Dessin représentant une bouche

MAN RAY je pense à vous ! , 1936
Plume et encre noire et aquarelle sur page de carnet Kobs & Bossen
28 x 20 cm
© Estate Irène Zurkinden, photo : MAH

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