Introduction
Un Osiris végétant, figurine rituelle confectionnée lors de cérémonies en l’honneur du dieu Osiris, a fait l’objet d’un don en 2017 au Musée d’art et d’histoire de Genève et d’une étude publiée dans la revue Genava n°65 paru en 2018.
Dans le cadre de la Saison antique, le blog du MAH vous propose en complément une série d’articles relatant le déroulement de l’étude matérielle et des traitements de conservation-restauration réalisés, images de travail à l’appui. Les interrogations des chercheurs, les méthodes d’investigation mises en œuvre, les découvertes mais aussi les problèmes rencontrés y sont détaillés. Chaque article aborde une problématique ou un type de matériau ayant fait l’objet d’une recherche ou d’une intervention spécifique (Fig. 1, 3 à 6).
Dans cette série, les interventions de conservation-restauration seront présentées conjointement à la description de l’étude matérielle, selon le programme suivant:
2/10 Le cercueil, une pièce de bois restaurée dans l’antiquité
3/10 L’identification et la datation du bois
4/10 Les décors du cercueil I
5/10 Les décors du cercueil II: les motifs figuratifs
6/10 La conservation-restauration du masque
7/10 Les couleurs du masque
8/10 Les textiles
9/10 Le contenu de la momie
10/10 Les amulettes
Un objet composite
Un Osiris végétant (corn mummy en anglais) est une figurine modelée à partir d’un mélange de terre et de graines germées qui a été enveloppé de textiles imprégnés de produits d’embaumements. Portant un masque de cire peint à l’effigie de la divinité ressuscitée, il repose dans un cercueil en bois et est accompagné d’amulettes. Le cercueil à tête de faucon est orné de motifs peints et de dorure. La variété des matériaux constituant un tel objet explique la diversité des disciplines requises pour son étude.
Bien que notre travail se concentre sur la matérialité de l’objet étudié, il faut souligner qu’un Osiris végétant est avant tout un objet lié à la spiritualité. Il est le fruit d’un rituel d’Égypte ancienne qui célébrait, lors de la fête du mois de Khoiak, peu avant le moment de la décrue du Nil, le renouveau du cycle de la végétation. La figurine fabriquée dans ce contexte est la représentation de la momie d’Osiris, divinité qui porte en elle les forces du cycle de la vie. Le rituel consistait à mélanger des graines à de la terre qui, arrosées régulièrement, se mettaient à germer. Une fois desséché par le soleil, le tout était mis en forme et emmailloté à l’effigie de la momie du dieu (Fig. 2).
La conservation-restauration et l’étude matérielle
Dès son entrée au Musée d’art et d’histoire en juin 2017, l’Osiris végétant a été examiné au laboratoire de conservation-restauration pour le contrôle de son état. Hormis quelques dommages au masque ainsi qu’une fragilité de la fibre textile, l’ensemble est remarquablement bien préservé. Ces dégâts mineurs n’enlèvent rien à l’intégrité et à la qualité de cet objet exceptionnel.