Un aller-retour pour les US. En soute, please !

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S’il est une activité qui passe inaperçue dans la vie des musées, c’est bien celle des prêts d’œuvres. Or, elle engage de nombreuses ressources issues, par exemple, des secteurs de la conservation, de la conservation-restauration et de la régie. Il semble que son invisibilité soit en lien avec sa nature : totalement orientée vers l’extérieur, elle se déroule dans les coulisses de l’institution. C’est en fait l’exposition réalisée par l’institution emprunteuse qui révèle l’activité des prêts et qui agit comme un verre grossissant. En effet, les cartels qui accompagnent les œuvres mentionnent le nom des prêteur.euse.s et force est de constater que rares sont les expositions qui ne comptent pas de pièces empruntées. Ces échanges entre institutions constituent autant de leviers pour faire rayonner les collections.

Une œuvre qui part pour une période donnée, c’est un dossier qui se construit sur une année, parfois plus. Il comprend plusieurs étapes jusqu’au départ en prêt de l’œuvre, autrement dit son transport.

Façade du Mississippi Museum of Art

Le Peintre et son modèle dans un paysage de Pablo Picasso exposé au Mississippi Museum of Art dans le cadre de l'exposition Picasso Landscapes : Out of Bounds

Peinture de Picasso

Qui dit transport, dit emballage de protection, et, parfois, convoiement

Le transport d’une œuvre nécessite qu’une attention particulière soit portée à son emballage. En effet, pour la préserver des chocs et des vibrations ainsi que des changements de température brusques, qui pourraient faire réagir les matériaux qui la composent, l’œuvre est emballée dans une caisse ajustée à ses dimensions et dans laquelle elle est solidement maintenue. Une destination lointaine engagera l’œuvre dans un transport laborieux, en camion et en avion, et multipliera les manipulations de la caisse. Dans ce cas, un.e convoyeur.euse accompagnera l’œuvre pour superviser les transbordements de la caisse. Ce fut le cas pour le retour du tableau Le Peintre et son modèle dans un paysage, réalisé par Picasso en 1963, à la fin de son séjour aux États-Unis.

Tableau emballé

Mississippi Museum of Art : emballage de l'œuvre

Tableau en train d'être mis dans sa boîte de transport
Tableau dans une boîte de transport

23h00 : chargement dans le camion et départ pour l'aéroport d'Atlanta

Camion de transport

Gros plan sur le voyage d’une oeuvre œuvre : de Jackson (Mississippi, USA) à Genève

Cette peinture figurait dans l’exposition Picasso Landscapes : Out of Bounds qui explorait la thématique du paysage dans l’œuvre de Picasso. L’exposition itinérante était organisée par l’American Federation of Arts (AFA), une association basée à New York qui développe une programmation culturelle se modelant autour d’expositions présentées dans un réseau de musées situés en dehors des grands centres. Les contacts ont été engagés deux ans avant le début de l’exposition. Ainsi, l’exposition a pu être appréciée successivement au Mint Museum Uptown de Charlotte (Caroline du Nord), au Cincinnati Art Museum de Cincinnati (Ohio), puis au Mississippi Museum of Art de Jackson (Mississippi). L’exposition a connu un franc succès dans les trois lieux. Pour la seule étape de Jackson, 130’000 entrées ont été comptabilisées, un record pour ce musée qui présente habituellement des expositions de plus petite envergure.

Après sa tournée aux États-Unis, de février 2023 à mars 2024, le tableau a pris le chemin du retour pour un périple de plusieurs jours, par ciel et terre. L’aventure a débuté au Mississippi Museum of Art avec le chargement du camion d’une dizaine de caisses contenant les tableaux prêtés par des institutions européennes. Quelques heures plus tard et quelques États plus à l’est, le camion est arrivé à l’aéroport d’Atlanta. Une fois déchargées, les caisses ont été transférées dans une zone spéciale du hangar de fret aérien pour le contrôle douanier. Ici, pas de passage aux rayons X ; l’inspection a été confiée à un chien renifleur, Doggy, star et coqueluche du lieu. Une fois le contrôle effectué, les caisses ont pu être pesées, palettisées et distribuées sur les différents vols et, pour l’œuvre du MAH, la destination était Francfort. À son arrivée en Allemagne, la caisse a été dépalettisée au fret aérien, puis présentée à la douane pour un contrôle et enfin, chargée sur un camion qui l’a rapatriée à Genève. Un dernier passage aux Ports Francs de Genève a permis de finaliser la procédure douanière et d’enregistrer le retour de l’œuvre sur sol suisse. Ensuite, l’œuvre a pu être acheminée jusqu’au MAH.

Entre le départ de l’œuvre du Mississippi Art Museum et son retour au MAH, il se sera écoulé plus de soixante heures. Le Peintre et son modèle aura parcouru plusieurs milliers de kilomètres et la peinture aura été exposée à d’importantes variations de température ; heureusement, sa caisse de transport faite sur mesure l’aura préservée des frimas de hautes altitudes !

Tableaux passant la douane aux USA

8h00 le lendemain : arrivée au fret aérien, hangar des marchandises, et contrôle effectué par Doggy.

Chien douanier
Palette de transport

Palettisation terminée et chargement dans l'avion, prêt au départ pour Francfort.

Oeuvres chargés dans un avion
Tableau dans une boîte de transport

Retour de l'œuvre au MAH

Tableau dans les réserves du musée

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