Quand la mémoire et l’oubli s’entremêlent

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Le colloque international Normer l’oubli organisé au MAH

Comment construit-on la mémoire collective ? En multipliant les commémorations, comme c’est le cas aujourd’hui en France au regard d’évènements tragiques récents. Comment l’oubli général s’insinue-t-il ? En laissant s’instaurer une paresseuse indifférence ou, à l’opposé, en déployant une énergie implacable à l’image de ces étudiants américains qui se démènent actuellement pour faire tomber de leurs piédestaux les «héros» de l’histoire des États-Unis – les statues de Woodrow Wilson et Thomas Jefferson, considérés par leurs détracteurs comme d’odieux racistes, ne sont plus les bienvenues sur certains campus.
Devant la force de ces courants antagonistes, une réflexion sur la construction asymétrique de la mémoire et de l’oubli collectif est la bienvenue. Parce que l’Histoire et la manière de conserver et de présenter ses témoignages font partie de ses missions fondatrices, le Musée d’art et d’histoire de Genève s’est imposé comme lieu d’accueil d’un colloque international, organisé en partenariat avec l’Institut des Hautes études internationales et du développement (IHEID – Genève). Le 15 janvier, de 9h à 18h, ce sujet complexe sera décortiqué à la faveur de l’expertise d’une quinzaine d’intervenants.

L’oubli programmé

Intitulé Normer l’oubli, ce colloque bénéficiant de la responsabilité scientifique de Vincent Négri (CNRS) et d’Isabelle Schulte-Tenckhoff (IHEID), est placé sous le signe de l’interdisciplinarité. Philosophes, historiens, sociologues, juristes, chercheurs et universitaires basés en Suisse, en France et en Grande-Bretagne, se pencheront sur les différentes manières de coudre et découdre la mémoire. Tâche d’autant plus délicate que celle-ci revêt plusieurs visages: elle peut à la fois être un enjeu identitaire pour les communautés et le socle fondateur des ordres sociaux, se mettre au service des traditions, des peurs comme des croyances, ou encore contribuer à l’élaboration du discours historique.
Les chemins qui mènent vers l’oubli, intentionnel ou involontaire, sont eux aussi très variés. Jean-François Bayart (Sciences-Po Paris et IHEID) interrogera, par exemple, les politique de l’oubli; Adèle Esposito (CNRS) décrira les zones d’ombre dans les politiques patrimoniales en Asie du Sud-Est; Dacia Viejo Rose (Université de Cambridge) investira la difficile reconstruction de l’identité et du patrimoine après un conflit; Davide Rodogno (IHEID) lèvera le voile sur la sélectivité à l’œuvre dans les archives des institutions humanitaires; et sur les questions de l’amnistie et du pardon, François-Louis Coste (magistrat honoraire) livrera la part d’oubli à laquelle nos sociétés consentent pour maintenir un vivre ensemble.

Conférence de Tzvetan Todorov

En guise d’introduction, cette journée sera précédée, le 14 janvier à 18h30, d’une conférence de Tzvetan Todorov au siège de l’IHEID, intitulée La mémoire entre conservation et oubli. Grand spécialiste du sujet, l’historien, philosophe, sémiologue et essayiste, est notamment l’auteur de Les Abus de la mémoire (Arléa, 2004) et de Mémoire du mal. Tentation du bien (Robert Laffont, 2000). L’occasion pour ce directeur de recherche honoraire au CNRS, à Paris, de faire part de ses propres réflexions sur ce trésor indéfinissable qu’est la mémoire.

Conférence La mémoire entre conservation et oubli
14 janvier 2016
18 h30
Institut de hautes études internationales et du développement
Maison de la Paix
Chemin Eugène-Rigot 2, 1202 Genève

Colloque Normer l’oubli
15 janvier 2016
De 9 h à 18 h
Musée d’art et d’histoire
Rue Charles-Galland 2, 1206 Genève

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