Un fleuron de l’architecture gothique admiré par les artistes.
Construite sur plus de deux siècles, de 1163 à 1345 environ, la cathédrale Notre-Dame de Paris constitue certainement le plus bel exemple d’architecture gothique, affichant les caractères des différentes phases de ce style. Situé au cœur de la cité, l’édifice devient rapidement un sujet privilégié pour les artistes de tous horizons. Une estampe anonyme, annotée en allemand, donne une vision de ce monument emblématique lorsqu’il était encore entouré de nombreuses petites bâtisses, certainement dans la seconde moitié du XVIIe siècle. À cette époque, le clocher médiéval était encore en place au-dessus de la croisée du transept.
Au fil des siècles, la cathédrale Notre-Dame est le lieu de nombreux événements, d’ordre religieux mais également politique, qui ont marqué l’Histoire, et les dessinateurs ont souvent rendu compte des scènes qui s’y sont déroulées. Le Cabinet d’arts graphiques de Genève possède par exemple deux grandes estampes montrant la pompe funèbre de Marie-Thérèse d’Espagne, dauphine de France (1726-1746), et permettant d’admirer l’intérieur de la cathédrale en 1746. Gravées par les frères Slodtz d’après des dessins de Charles-Nicolas Cochin (1715-1790), ces eaux-fortes décrivent aussi de manière détaillée la préciosité des décors éphémères installés lors de telles occasions.
Pendant la Révolution française, l’édifice subit de nombreuses destructions et se trouve largement vandalisé. Une fois la paix retrouvée, l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) est chargé de restaurer le monument. Les travaux s’étalent entre 1844 et 1864 et la cathédrale se voit alors en partie remaniée par rapport à son état d’origine. Plusieurs gravures de la collection du CdAG permettent de se rendre compte de ces différences.
Charles Meryon (1821-1868) a justement représenté le bâtiment au moment de cette restauration: une vue rapproché de la galerie de Notre-Dame révèle la finesse des arcatures trilobées gothiques, alors détériorées par des mauvaises herbes et habitées par des corneilles. Une vue large du monument produite par le même artiste rend compte de l’allure de la cathédrale après le démontage du clocher en 1792, et avant la construction de la nouvelle flèche par Viollet-le-Duc en 1860. Trente ans plus tard, le même point de vue sur l’abside est choisi par le graveur suisse Alexis Forel (1852-1922), qui insiste sur la majesté de cette flèche, découpant la lumière à 93 mètres de hauteur.
Au XXe siècle, nombreux sont les artistes à représenter la cathédrale Notre-Dame, qu’ils soient parisiens ou voyageurs de passage admirant un joyau du patrimoine mondial. C’est notamment le cas de Paul Eliasberg (1907-1983), dessinateur allemand ayant fui en France après la Seconde Guerre mondiale, qui offre une jolie vue à l’aquarelle de l’édifice gothique. Ce dessin, croqué en 1981 depuis un quai de la Seine, pourra prochainement être admiré lors de l’exposition consacrée à l’artiste au Cabinet d’arts graphiques des MAH cet automne.