Depuis 2003, la Fondation La Ménestrandie et le Musée d’art et d’histoire élaborent chaque année un cycle de trois concerts programmés au mois de novembre, autour des instruments anciens. En 2012, c’est le paysage musical européen au temps de Rousseau qui est mis à l’honneur. Rendez-vous pour le premier concert prévu, le dimanche 11 novembre à 16h.
En cette fin de tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, la thématique retenue pour le cycle Musée¦Musique semblait une évidence. Cependant, afin de se positionner de manière complémentaire aux diverses manifestations programmées, les deux partenaires ont choisi d’élargir la perspective et d’esquisser un panorama permettant de situer l’œuvre musicale de Rousseau dans un contexte plus large.
La Querelle des Bouffons
Cette controverse parisienne agita les partisans de la musique française, groupés autour de Jean-Philippe Rameau et ceux qui voulaient italianiser l’opéra français, rassemblés autour de Jean-Jacques Rousseau. Ce dernier avait cependant bien conscience du terreau sur lequel avaient germé ses compositions puisqu’il écrira à l’article «copiste» de son Dictionnaire de musique (1768): «Je n’ai fait que de la musique française, et n’aime que l’italienne…»
Prédominance de la mélodie, affranchissement des poncifs mythologiques, recherche de simplicité… Rousseau, dans la veine de Pergolesi et de sa Serva Padrona
s’est rêvé italien. Souscrivant aux goûts des aristocrates français pour la pastorale, son Devin du village, intermède champêtre, n’est pourtant musicalement jamais très éloigné de Rameau.
Dresser le paysage musical du temps de Rousseau ne pouvait donc se passer d’une étape italienne et d’une étape française, sans oublier une escale genevoise autour de Gaspard Fritz, son compatriote!
Instruments historiques
Les concerts Musée¦Musique permettent de rappeler l’existence de la collection d’instruments du MAH dont seule une petite part est visible. Ils offrent l’occasion d’entendre de la musique baroque sur des instruments d’époque, en état de jeu, ou sur des copies réalisées d’après des pièces conservées dans différents musées. Cette approche historique permet de retrouver des sonorités au plus près de ce que les compositeurs avaient en tête ou d’entendre des instruments «disparus».
Les instruments de musée
La mission de conservation du musée est a priori en contradiction avec l’idée de jouer des instruments de collection. Il convient de trouver un équilibre subtil entre les impératifs de préservation du patrimoine et la perte de substance d’un instrument muet. Le CIMCIM, Comité international des musées et collections d’instruments de musique, fixe le cadre des bonnes pratiques en la matière. Dans certains cas, le jeu est en effet bénéfique à la conservation, comme pour les cordes. Les fréquences élevées, générées par les harmoniques, libèrent les pores du bois de la caisse et restituent progressivement la sonorité originelle tout en préservant sa structure. Mais chaque instrument doit faire l’objet d’une étude spécifique. La déontologie des musées oblige à considérer l’état général et à intégrer les transformations subies par l’instrument au fil du temps comme faisant partie de son histoire.
Les instruments de la Ménestrandie
La Fondation la Ménestrandie, dont l’objectif est la promotion de la musique ancienne et baroque, possède une collection d’instruments. Certaines pièces, dont un superbe clavecin français de 1777 signé Jacob Stirnemann, facteur établi à Lyon, sont exposées au Musée d’art et d’histoire. La mise en valeur de cette collection passe essentiellement par le jeu, la mise à disposition des instruments à des musiciens choisis pour leur professionnalisme et leur respect de l’objet patrimonial. La remise ou le maintien de l’état de jeu est une préoccupation première ce qui rend la collection complémentaire de celle du musée.
Quelques pièces spécialement sorties des réserves
En écho aux concerts Musée-Musique, trois pardessus de viole, deux vielles à roue et une musette de cour sont exposés temporairement dans la salle Sarazin. Ils permettent d’évoquer deux particularités de la musique française au milieu du XVIIIe siècle. D’un côté, les réserves de l’aristocratie vis-à-vis du violon, connoté comme «populaire», de l’autre, le goût de cette même aristocratie pour la musique «champêtre» qui sera au cœur du concert du 18 novembre.
À lire également:
Musée¦Musique: concerts et collections 2 et Musée¦Musique: concerts et collections 3
Concert dimanche 11 novembre à 16 au MAH
Francesco Geminiani, Sonates pour violon, violoncelle et clavecin
CHF 20.-/CHF 15.-, billets en vente sur place, une heure avant le spectacle
Prélocation à l’Arcade d’information municipale, la Maison des arts du Grütli, Cité Seniors, Genève Tourisme